Le Canadair CL-215 en modélisme

Date de création :

21 mars 2001

Dernière mise à jour :

05 décembre 2015

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L'écopage, légendes et réalités

Par Jacques METAIRIE Pompier du Ciel et Pilote de CL-215 CANADAIR .

Extrait de la revue Pélicans Infos N°4 de 1991, pages 18 à 21.

Avec l'aimable autorisation de l'Amicale des Pompiers du Ciel, que je remercie au passage

 

Le président de l'Amicale des Pompiers du Ciel et le Rédacteur en Chef de "Pélican/Infos', m'ayant courtoisement invité à écrire un papier sur l'écopage, je ne me suis pas senti le cour de le leur refuser, d'autant qu'une peinture démystifiante me semblait nécessaire, pour, à jamais, espérons-le, détruire les légendes extravagantes qui entourent cette manouvre qui marque à la fois, le quotidien aéronautique d'un avion amphibie bombardier d'eau et la vie professionnelle de son équipage

" Ecoper " consiste sur le CL 215 Canadair, à remplir à laide de deux petites prises d'eau rétractables dont les dimensions n'excèdent pas 10 x 12 cm, deux soutes d'une contenance unitaire d'environ 3000 litres. Les écopes rétractables sont placées au point le plus bas de la coque (1) de l'avion. Chaque écope correspond à une soute, située à l'intérieur du fuselage et positionnée de manière à ce que l'ensemble des deux réservoirs remplis n'altère pas la qualité de l'avion, tant dans ses qualités d'évolution en vol que dans ses qualités nautiques de manouvres à flot. Chaque soute est indépendante et les écopes fonctionnent grâce à la pression hydraulique d'un circuit commandé électriquement et directement depuis le poste de pilotage par le mécanicien navigant. Comme on le constate aisément, les dimensions réduites des deux écopes, interdisent l'absorption d'un corps étranger par le Canadair. Après un hydroplanage d'écopage, on n'a jamais retrouvé dans les soutes verticales et sphériques d'un amphibie bombardier d'eau, un plongeur sous-marin, avec masque, palmes et tuba! Tant pis pour la légende et le comique! - Il n'existe pas non plus de tubes plongeant dans l'eau et qui aspireraient à l'aide d'une pompe, le précieux liquide extincteur.

L'écopage peut se définir comme une séquence d'hydroplanage (2) pendant laquelle les écopes sorties assurent le remplissage des soutes du CANADAIR bombardier d'eau. L'Ecopage est une opération délicate qui exige un entraînement long et approprié de l'équipage. Cette formation spécifique est précédée d'une 'Qualification Hydro" qui permet aux pilotes de bombardier d'eau d'acquérir puis de dominer, par un entraînement consciencieux et régulier, les connaissances techniques qui leur feront poser et décoller un CANADAIR à partir de l'eau avec le même naturel que s'il s'envolait du sol. Ces manouvres à flot ne sont pas faciles, elles ne présentent pas les mêmes degrés de difficultés, selon que le plan d'eau utilisé est calme, comme par exemple, sur un lac, ou bien agité de vagues comme c'est le cas pour les écopages à proximité de la côte en vue des plages. Il faut alors tenir compte du vent, certes, mais aussi d'une houle plus ou moins formée et orientée ou d'un clapot plus ou moins prononcé. La houle, qui peut être de force et de direction variable est l'ensemble des vagues, nées d'une zone ventée géographiquement éloignée, parfois de plusieurs centaines de kilomètres, de l'endroit que l'équipage du CANADAIR, aura choisi pour procéder à l'écopage. La houle se caractérise par un mouvement ondulatoire de la mer en vagues régulières, arrondies, majestueuses de puissance. Le clapot est le phénomène de vagues né d'un vent local quelque fois très violent Ses vagues ourlées de crêtes blanches laissent échapper des paquets d'écume.

Le CL.215 CANADAIR, avion amphibie bombardier d'eau, grâce à des qualités nautiques, dignes d'un bateau, peut écoper en mer avec des vagues dont le creux peut atteindre 1,80 mètre. Son équipage, Pilote et Mécanicien Navigant, forme un binôme bien entraîné et efficace. Dans cet équipage, chacun a sa place, chacun a sa fonction. Les mots et les gestes ont été appris et répétés des milliers de fois avec toujours la même rigueur, car chez les Pompiers du Ciel, il n'y a pas de place pour le hasard et la routine. La mer, vue de la plage ou vue du ciel, peut paraître belle ou mauvaise. Elle se charge quelque fois de nous rappeler qu'il est toujours dangereux de la sous-estimer et qu'elle peut aussi se montrer cruelle.

A bord d'un CANADAIR, le Mécanicien Navigant met immédiatement à exécution les manouvres que lui demande le pilote qui, avant tout écopage, effectue les tours du plan d'eau pour y déceler la direction et la force du vent, la présence d'obstacles éventuels .A cette fin, toutes les informations sont bonnes à prendre : direction des oiseaux marins dans leurs envolées, orientation des drapeaux et fanions, sens des fumées et des bateaux au mouillage... Pour juger l'état de la surface, le pilote doit estimer l'importance des vagues, mais à 500 pieds soit 152 mètres, cette évaluation est souvent faussée. A cette altitude, la mer reste apparemment engageante, mais à 30 mètres (100 pieds>, elle se révèle l'être beaucoup moins-.. Nous choisissons ensuite un cap qui permette de rester parallèle à la houle tout en composant avec le vent. Pendant ce large virage, les Check-Lists s'égrènent.

Les volets de la voilure sont sortis à 15°, les hélices passent à 2400 T/mn, tandis que la vitesse de l'avion régresse pour se stabiliser à 105 Kts-195 Km/H.

A quelques mètres de la surface, la vitesse tombe à 9OKts-167 Km/H.

'PARE A L'ECOPACE...' Annonce le Mécanicien Navigant

L'avion amphibie touche l'eau à la vitesse de 75 Kts-139 Km/H.

Dès qu'il est stabilisé, les gaz sont réduits ce qui amène sa vitesse à 60 Kts-111 Km/H -

Le CANADAIR s'enfonce alors suffisamment dans la masse liquide tout en conservant de bonnes possibilités de contrôle aérodynamique.

On rajoute alors de la puissance motrice.

"ECOPES ...!' Demande le Pilote.

La manouvre de sortie des écopes rétractables est exécutée sans tarder.

"ECOPES.. SORTIES..!" annonce et confirme le Mécanicien Navigant.

Le fait de sortir les écopes sous la coque provoque une résistance à l'avancement comparable à un coup de frein, l'avion a tendance 'saluer' et sous l'effet du "couple piqueur" son nez a tendance à s'enfoncer dans l'eau. Le pilote doit immédiatement réagir pour maîtriser une sorte de cheval des mers bondissant fougueusement de vagues en vagues, qu'il faut absolument dompter.

L'Equipage déjà très attentif, se concentre encore plus dans cette phase délicate pour être prêt et contrer, à la seconde, la moindre défaillance mécanique qui pourrait survenir.

Les soutes se remplissent et, à chaque seconde, le CANADAIR s'alourdit de 500 kg.

Au fur et à mesure du remplissage, le Mécanicien Navigant annonce: 1000.. livres... 2000.. livres 3000 livres...4000... ATTENTION POUR LES ECOPES...

'-TOP...ECOPES RENTREES le CANADAIR se cabre aussitôt.

Sa puissance poussée au maximum, il ne tarde pas à s'arracher de l'eau.

L'écopage aura duré de 9 à 12 secondes, pendant lesquelles le poids de l'avion sera passé de 14 250 kg 19 750 kg

Durant ces mêmes secondes des mains d'hommes se seront entrecroisées sur la console centrale du poste de pilotage, actives, précises, dans une calme précipitation. L'avion amphibie quitte l'eau et repart avec les deux autres "Pélicans' qui composent sa "noria" ; il met aussitôt le cap vers l'incendie de forêt sur lequel ces trois avions ont été dépêchés. Dans quelques minutes trois CANADAIR arriveront sur la zone sinistrée pour larguer et sauver. Le largage ... C'est une autre histoire, d'autres difficultés, d'autres sensations et bien sûr d'autres Check-Lists...

Evolution de la forme des écopes

Le premier système d'écopes était composé de deux tuyaux coudés et pivotant dans leur partie haute. Ils étaient manouvrés par des électrovannes actionnant des vérins à double effet, et ainsi les écopes débordant du gabarit de la carène du redan, permettaient à l'eau de s'engouffrer dans les soutes, par effet de bourrage. Pour cause d'efforts hydrodynamiques très importants, et contrariant le fonctionnement des écopes dans ce mouvement transversal, cette installation fut abandonnée au profit d'un système plus adapté et plus résistant. Ces nouvelles écopes sont des boisseaux placés au même endroit dans l'anfractuosité du redan, mais pivotent de 90° dans le sens longitudinal.

Photos des écopes de première génération
Photos des écopes de deuxième génération

(l)-COQUE : Carcasse métallique d'un avion amphibie ou d'un hydravion.

(2) - HYDROPLANAGE : Déplacement d'un avion amphibie ou d'un hydravion, sur l'eau, par ses propres moyens.

(3)- REDAN : Décrochement du fond de coque qui permet le décollement des filets d'eau.

Ne manquez pas de visiter le site de l'Amicale des Pompiers du Ciel http://www.pompiersduciel.com/