Ainsi donc, en ce 8 juillet de l’An de grâce 1986, un mardi vers 8 heures, je partais de Wattrelos pour rallier Ste ENIMIE en Lozère, afin d’y faire un séjour à la Base de Plein Air de la " Fédération Française pour l’entraînement physique dans le Monde Moderne ". Séjour de vacances sportives du 14 juillet à midi jusqu’au 26 juillet à midi également.

Pour commencer : Faux départ. Place de la République, je me demandais si je n’avais pas oublier mes papiers d’identité dans un tiroir. Et, plutôt que de fouiller dans mon sac à dos, je préférais revenir chez moi, pour inspecter le dit tiroir. Les papiers n’y étaient pas. Vérification dans le sac à dos ; je les trouve dans l’étui des cartes routières.

A propos de ce sac, petit progrès sur l’année dernière : IL ne pesait que 7 kg. Un de moins que pour le voyage aux ( ? ? ? ? page 1). C’était bien suffisant, d’ailleurs, pour mes épaules, toutes deux amochées !

Début de parcours archi-connu : Pont du ( ? ? ? ? ? page 1), avenue Motte, Hem, Forest sur Marque, etc… Petit arrêt à Templeuve (France) pour prendre le café dans un vieil estaminet de la place, où je connais la patronne pour m’y être arrêté l’an dernier, au retour des vacances. Ensuite direction Douai. Plus loin casse-croûte à l’auberge de l’Ermitage à Aubigny au Bac. Bernard, le patron est un ancien voisin. Après : Douai, Cambrai, St Quentin… Mon objectif pour cette première étape est Soissons. Mais vers le soir à 17 kms de cette ville, après s’être arrêté pour la énième fois afin de déposer ce sac qui décidément semble s’alourdir au fil des kilomètres, je remarque, sur le côté gauche de la route, un petit panneau : " Coucy le Château 1K300 ". C’est plus sympathique que le grand machin vert, à droite, indiquant " Soissons 17 ".

La décision est vite prise. A gauche toute ! Je me trouve dans un sous-bois odorant avec chants d’oiseaux, et, après avoir franchi l’inévitable passage-à-niveau dans un charmant patelin . Il est dominé par une colline, elle-même couronnée par les ruines majestueuses d’un gigantesque Château Médiéval. La superficie doit être, à peu de chose près la double de notre place Jean Delvainquière.

Je le verrais très bien ce vieux château, dans le site du Parc Urbain. Mais ça poserait tellement de problèmes ! Et les gens d’ici doivent y tenir ?

Recherche d’un gîte pour la nuit. Je trouve l’hôtel " Le Lion Rouge ", avec le panonceau bleu et rouge : Les routiers. J’apprécie le couvert dans une salle à manger accueillante, le gîte dans une chambre très confortable. Très bon accueil, en somme, pour nous deux, mon vélo et moi. Ce jour : 172 bornes.

Mercredi 9 juillet, je suis levé de bon matin, j’inspecte la chambre : Très spatieuse : c’est une chambre avec un lit de deux personnes et un d’une personne. Douche, toilette, habillage(après le rituel massage au " Srilane ". Au bas de l’escalier qui mène à la salle du restaurant, je suis surpris d’y trouver la porte fermée. Je passe par la cour, assez grande pour y garer quatre 38 tonnes ; Las ! Les volets sont clos. Dommage, il est 7 heures… et j’ai faim. Philosophiquement je monte vers la ville haute, laquelle conduit au château. Par le chemin des rondes, j’en ai fait le tour. Il est plutôt en mauvais état.. Là aussi, le CIL a du se montrer assez négligent. Ou alors, il se fie sur l’organisme concernant les monuments historiques ? Toutefois, au détour d’un rempart, il y a un échafaudage. Donc, on entreprend sans doute la restauration.

Ce Coucy-là, fourmille de souvenirs. Un endroit est indiqué comme étant celui où la célèbre "Grosse  Bertha ", à la guerre 14-18, expédiant d’imposants pruneaux sur Paris – Une grille ouvragée avec un écusson, où est mentionné :

" Ici est né (je ne sais plus qui), fils légitime de Henri de Navarre et de Gabrielle d’Estrées ". Si ça continue comme ça, mon voyage, je, finirais par devenir ? Instruit. Retour au " Lion Rouge ". C’est ouvert. Enfin je peux me restaurer. J’engloutis rapidement baguettes au beurre et à la confiture. Avec un grand café, et me mets en selle pour Soissons.

Avant d’y arriver, descente accentuée en spirale… Je vais m’en donnais à cœur joie ! Las, quelques lacets plus bas, un long véhicule GB accapare toute la route, suivi d’une cohorte de voiture dont les conducteurs sont certainement aussi ravis que moi de cette aubaine. Heureusement à l’entrée de Soissons, le long véhicule tourne à droite pour entrer dans une usine. Libérant du coup le ruban d’asphalte au grand soulagement général. Traversée de l’Aisne (02), la plupart du temps en forêt. Par endroit, sur un triangle bordé de voyage, il y a un cerf (ou une biche) bondissant qui y est représenté. On est ainsi prévenu qu’on peut rencontrer à tout moment des animaux fort peu soucieux des règles de priorité.

A Hartennes ( ? ? ? page 5), en bas d’une descente assez vertigineuse, arrêt casse-croûte. Il y a là deux gendarmes – comme il y a aussi un radar un peu plus haut – ils font une pêche fructueuse d’automobilistes dont le pied a été un peu trop lourd sur le champignon. Arrivé sans encombres vers midi à Château-Thierry, je fais le plein avec un énorme sandwich et un gini et j’apprends que je me trouve dans la vieille ville natale de Jean de la Fontaine. Très très jolie ville : le fabuliste a bien fait d’y naître, c’est un homme de goût.

L’après-midi, je roule en plein enfin sur des routes secondaires, presque désertes. C’est beau la tranquillité ! Je traverse des petits villages en trois tours de pédalier. Ils paraissent abandonnés. En fin d’après-midi, traversée de Provins, ville pittoresque de Seine et Marne. Il y a encore, comme chez nous, des rues pavées (mais ça ne m’intéresse pas vraiment). Je passe la seine à Bray sur seine. Un peu plus loin je suis dans l’Yonne (le département, pas le cours d’eau !). A Pont-sur-Yonne, la route oblique à gauche pour longer la rivière en direction de Sens, où je compte faire étape. Arrivée à Sens, il y a de superbes édifices : cathédrales, Hôtel de ville, etc… Je me renseigne à l’office de tourisme pour connaître un hôtel pas trop cher, routier de préférence. Afin d’y garer ma bécane. On me donne la liste des hôtels et des restaurants : il n’y a que l’embarras du choix ! Mais pour un routier, il faut passer pousser jusqu’à Rasoy ( ? ? ? ? page 6) à 5 kms. Un peu dur ces cinq dernières bornes !

Je trouve le routier. On m’accepte ainsi que mon vélo. Celui-ci passera la nuit dans la réserve en compagnie des caisses de bières, d’eaux minérales et de limonades. Le restaurant est plein à craquer. Il faudra plus d’une heure avant de pouvoir me mettre à table. Soupe et dodo : cette fois, la chambre est minuscule. Mais, en dormant, ça ne se voit pas. Donc étape à Rasoy ( ? ? ? ? page 6).

Distance de la journée : 180.

Jeudi 10 juillet : Surprise désagréable au réveil : des démangeaisons, des ampoules dans les bras et aux épaules, dans le dos, itou ! Des punaises qui sans doute, n’ont pas eu à souper la veille ? Petit déjeuner vite pris et en route en direction d’Auxerre, via Joigny. A Auxerre, j’ai l’attention délicat, d’envoyer à mon épouse une carte postale représentant la cathédrale. C’est pas gentil ça ? D’autant plus que je m’étais aperçu, que je n’avais pas emporté mon contrat " Europe Assistance " dans mon sac à dos avec les papiers d’identité. Bien sûr, au dos de la carte, je priais ma chère épouse d’expédier le dit contrat à Sainte-Enimie pour quand j’y arriverai.

Dans le fond, quand j’y pense, je me rends compte que je suis un gars extrêmement prudent et prévoyant. ! Primo, j’ai acheté un casque de pistard (avec des jolis boudins qui convergent à l’avant et à l’arrière). Secundo, une trousse à pharmacie petit modèle. Tertio, j’ai contracté un contrat " Europe Assistance ". Trois précautions en cas de pépins. Bien sûr de mauvais esprits pourront faire la remarque que le contrat… je l’avais oublié… Et que le casque a été plus souvent dans mon sac que su ma tête. Mais ce sont des petits détails.

Vers midi, j’arrive à Clamecy. Belle ville typique. Ici, c’est encore un homme de lettres : Romain Bolland qui a eu la bonne idée de faire de cette cité, sa ville natale.

A priori, mon objectif de la journée était Nevers. En cassant la croûte à la terrasse d’un café, je lie connaissance avec des belges (des vrais, moi on me prenait souvent pour un belge, sans doute à cause de l’accent, mais c’est inexact : je suis né en France, petit pays un peu au sud de la Belgique). Ces gens se rendaient à Décize, sur les bords de la Loire, pour y voir des parents. Ils m’expliquèrent que c’était en direction de Moulins.

Dès qu’ils sont partis, je regarde la carte de France : Moulins est bien plus dans ma trajectoire que Nevers, trop à l’Ouest. Mais c’est aussi plus loin. Tant pis, le cap sur Moulins ! Routes secondaires peu fréquentées, tout va bien. J’arrive dans la soirée à Décize (sûrement bien plus tard que les belges). La Loire est franchie. Mais jusque Moulins, il reste une bonne centaine de bornes. Pas question d’arrêter à Décize. Je pousse assez péniblement jusqu’à Moulins (Allier). Gîte pour l’homme et le véhicule, et couvert pour le premier dans un hôtel, assez coquet dont j’avais oublié le nom.

Total de la journée : 200.

Vendredi 11 juillet : Tant tout de même que je vous explique : Cet acharnement à rallier Moulins était dû à une certaine forme d’orgueil. Sur ma carte de France, pliée en deux dans le sens de la hauteur, Moulins était dans la moitié du bas. C’était donc un peu comme si en atteignant cette ville, j’avais franchi l’Equateur. enfin , mon équateur à moi, celui de ma carte. Maintenant pour consulter la carte, je n’aurai plus qu’ à regarder dans la partie sud. Où l’amour propre va-t-il se nicher ? Donc après un petit déjeuner très original : baguette, beurre, confiture, café noir ; en route vers Vichy en passant par Varennes. Ca doit être dans cette ville que Louis XVI fût reconnu et arrêté avec la famille royale. Son voyage se serait donc arrêté là. J’espère qu’il n’en sera pas de même pour moi ! Varenne est atteinte. A la sortie, une longue pente escarpée fait, qu’à son sommet, je m’arrête pour une pause café à un restaurant routier. En dégustant mon petit noir, je contemple les nombreuses photos de camions qui tapissent les murs. Ils sont plus imposants les uns que les autres. Tout en parlant avec le patron, je l’informe que je compte me diriger ver Vichy. Bien m’en prends !

Il m’avertit que je vais droit sur Lapalisse (ça me rappelle le nom d’un monsieur réputé pour sa logique). Lapalisse est à l’Est, Vichy au Sud. Retour en direction de Varennes pendant 5 bornes, mais en descente cette fois. Dix bornes de trop… qui ne seront pas payées en heures supplémentaires. Je passe à Vichy, par Casset, ensuite à Saint Yorre. Je m’y arrête pour le casse-croûte de midi, je n’y bois pas d’eau minérale, mais le sempiternel Gini (depuis que je suis revenu je ne sais pu le voir !). Je file ensuite vers Thiers, pays de la coutellerie, que je contourne avec pour objectif : Le Puy en Velay. Je suis sur la bonne route car un grand panneau vert me renseigne sur la direction… et aussi sur la distance : " Le Puy 128 ".

Bigre ! Un peu plus loin, je fais connaissance avec une bosse importante. Si je veux arriver ce soir au Puy, ce ne sera pas de la tarte ! A Ambert, il y a une très belle église en forme de donjon carré, surmontée d’une cloche à l’air libre. Je suis dans le Puy-de-Dôme. Passage au bureau de la Caisse d’Epargne pour regonfler le portefeuille. J’ai droit au commentaire étonné et admiratif de l’employée qui me souhaite " Bon Voyage ". Ce souhait n’était pas inutile, compte tenu de ce qui m’attendait.

Sachant qu’au Puy, je trouverai une auberge de jeunesse (oui, je suis considéré comme un jeune " de plus de 26 ans "), j’y téléphone par précaution pour savoir :

Primo, s’il y a de la place ? – Secundo, s’il y a la bouffe ? Tertio, jusqu’à quelle heure puis-je y arriver ? - Oui à la première question – non à la deuxième – jusqu’à 23 heures à la troisième. Ouf ! Cette dernière question était primordiale.

A Arlanc, c’est la fête : manèges, lotterie etc… Excellent prétexte pour y boire une bière. (Mais ne le répétez pas ) – quand je parle de rallier le Puy dans la journée, le patron me regarde avec l’air d’un gars qui vient de rencontrer un martien : " Mais… Avant le Puy… vous devrez passer par Chaise Dieu ! ! " Ben oui et alors ? J’ai compris plus tard… J’avais entendu dire que Dieu était grand, mais je n’avais jamais pensé que sa chaise puisse être aussi haute ! Interminable montée en lacets à travers une forêt. Bien sûr, je suis abrité du soleil, assez bas déjà. Mais je rencontre une ruée de mouches qui viennent s’intéresser de très près, de trop près, au cyclo solitaire, maussade et fatigué lequel, de ce fait est obligé de tenir le guidon d’une main, afin d’avoir l’autre libre pour tenter, en vain de chasser ces maudites bestioles. Au sommet, forêt terminée. Un magnifique plan d’eau bordé de sapins. Un hôtel plutôt rupin, et surtout ça ne monte plus ; et les mouches sont délaissées ! Le salut, le paradis !

Je m’installe à la terrasse et commande un gini… tout de suite je me ravise et en commande deux, en une fois. L’hôtel me semble trop select pour y commander ensuite un sandwich. Ceci se fera un peu plus loin, dans un établissement plus modeste. Sur la carte, en plus de la nationale il y a une départementale passant par Allègre et Saint Paulien, j’opte pour la D qui, comme sa grande sœur mène vers le Puy. Pas brillant au début : route en réparation, caillasse, graviers, fondrières que mes roues n’apprécient pas tellement. Mais après tout s’arrange. Cette route redevient digne de s’appeler une route.

Elle descend, descend, descend… Les pédales ne sont plus que des reposes pieds. Par contre, les freins jouent un rôle de premier plan. Je travers en trombe quelques patelins. Un peu avant le Puy, la D rejoint la N. Elles se sont réconciliées.

C’est dommage que toute l’attention soit accaparée par la descente : a chaque coup d’œil furtif sur le côté, j’entrevis une vision grandiose ! Une ville pour reconstitutions historiques. Au passage, la silhouette d’un château fort sur un nid d’aigle (le lendemain, je sus que c’était le château de Poulignac) sur un rocher en forme de pyramide : la statue géante d’une Vierge rouge brique tenant un enfant Jésus ; sur un piton acéré : une cathédrale romane. Pour aller là, bâtir cet édifice, il ne devait plus y avoir à l’époque de terrains libres à usage d’habitation dans cette cité. Au bas de la descente, je suis enfin au Puy, en Haute-Loire. Au bistrot, une bonne bière bien méritée, bien fraîche ! Cette fois-ci, vous pouvez le dire. Je suis arrivé. Là aussi, commentaires effarés des clients devant ce qu’ils considèrent cille un exploit. Quelqu’un aurait même souhaité être prévenu, afin d’y faire venir FR3 ! Non, tout de même.

L’auberge de jeunesse, au centre Pierre Cardinal, est tout en haut, dans la vieille ville ; j’y grimpe à pied, d’autant plus qu’il fait nuit maintenant que je n’ai plus d’éclairage et que j’en ai ras le bol de pédaler. L’accueil est cordial. Point final pour aujourd’hui, dodo, Total en ce jour : 230.

Samedi 12 juillet. Ce matin à l’auberge de jeunesse, sur toute la ville et les monts d’alentour, le jour est levé. J’ai bien dormi. Petit déjeuner au réfectoire avec des compagnes et des compagnons encore inconnu la veille (je suis arrivé tard) ; A part un jeune Allemand, mon voisin de chambre, arrivé la veille lui aussi, je ne sais pas comment. Malgré un fort accent, il parle correctement le français. Il est arrivé avec un énorme sac de campeur (le mien fait sac de plage à côté). L’armature en tube de ce sac était cassé. Mais, le frère aubergiste adepte du système D, répare cela, manu militari, sans soudure, sans vis, ni boulon, rien qu’avec un bout de bois emmanché à force dans les deux parties du tube brisé. Ce jeune germain est une encyclopédie vivante : Il parle aussi facilement l’anglais que le français et rien qu’à la vue d’une affiche représentant un cloître, y discerne les influences byzantines, grecques et d’autres encore dans l’architecture romane : Et il n’ a pas vingt ans – Moi, je suis juste assez érudit pour savoir qu’une ouverture dans un édifice, en architecture romane, a le dessus en demi-cercle (voyez que je ne suis pas un ignorant !) – Le centre Pierre Cardinal, où je crèche est un ancien bâtiment entièrement rénové qui fut au grè de l’histoire, couvent, caserne, établissement scolaire. L’ancienne chapelle est salle de spectacle, auditorium. Dans ce centre est enseigné la musique, les Danses folkloriques, et bien d’autres choses. C’est devenu maintenant un centre culturel.

J’apprends que le maire de " Le Puy " s’appelle Monsieur Jammes (comme le poête prénommé Francis). J’ai deux jours pleins devant moi à passer dans cette ville dont je suis amoureux ! Pourtant les habitants (Ponots ou Amiciens) sont plutôt défiant - Mais il y a tant de choses à y voir ; des choses permanentes et tout un programme d’animations.

La cathédrale sur son pain de sucre, la vierge à l’enfant en haut de sa pièce montée, le château de Poulignac à 5 Kms de la ville. Ce véritable nid d’aigle fut souvent assiégé au fil des siècles, mais aucun assaillant n’ a jamais pu dépasser la deuxième des trois murailles d’enceinte. Le château était défendu de telle sorte qu’après la deuxième enceinte les assaillants coincés étaient tout bonnement massacrés par les défenseurs. S’il est en ruine aujourd’hui, c’est que seul le temps est parvenu à l’abîmer. Sur le sommet arrondi des montagnes voisines, on pendait à l’époque les routiers qui se laissaient capturer. Les routiers étaient des hordes de pillards formées d’anciens mercenaires de la guerre de cent ans mais au chômage à la fin de celle-ci, qui avaient essayé de se reconvertir. Maintenant au lieu et place des gibets, il y a des mats de télévision. Pas que ce soit joli, joli, mais c’est quand même moins macabre.

Au Puy, au fond d’un beau et grand parc se trouve le musée Crozatier ( ? ? ? P 16). IL est superbe ! Il y a de tout : peintures de diverses époques, sculptures, d’anciens mécanismes d’horlogeries des minéraux des fossiles des vestiges de fouilles archéologiques ainsi qu’une salle offrant toute une partie documentaire sur les rapaces qu’on s’efforce de protéger vu qu’ils sont en voie de disparition . Samedi en fin de journée, une course cycliste en semi-nocturne très disputée, dés le départ. J’y offre une prime de la part "  d’un cyclotouriste venu du Nord ". Une telle idée est-ce que ça ne mérite pas une prime ?

Au sujet de cette course, c’est au Puy comme ailleurs la même tranquille inconscience du public ! Je le signale au podium - un moment après un accident est évité de justesse.

Le Dimanche 13 juillet il fait beau promenade en cette belle ville. Je contemple une fontaine où des personnages allégoriques entourent une grande vasque. Ils représentent chacun un fleuve ou une rivière de la région. Il y a ainsi le Rhône un vieil homme barbu et musclé, la Loire, ensuite je crois, la Saône et … je ne sais plus. Un beau jeune homme, genre Apollon représente l’Allier, peut-être? Visite du musée Crozatier et du beau parc qui le précède. A la sortie du musée j’ai le plaisir de voir et d’entendre un orchestre de Noirs qui joue magnifiquement sur des fûts en tôle de 200 litres dont le bas est enlevé. Cet orchestre de percussions obtient sur ces fûts de longueur inégale des sonorités excellentes. Inutile de dire que ces Noirs ont le rythme dans le sang. Ils sont à juste titre très applaudis et très photographiés. Je dîne à la cafétéria Casino, supermarché de l’endroit, il y a grand monde. Cette cafétéria est ouverte ce Dimanche 13 et Lundi 14 juillet. On y mange bien. Mais, comme c’est un self-service, il faut faire la queue et avoir le coup d’œil pour trouver un endroit libre pour s’y attabler. Je comptais passer un après-midi relax, mais le jeune Allemand m’a vivement engagé à aller visiter le Château de Palignac, qu’il avait admiré la veille : " Fous à Félo, Fous serrez Fite là ! " J’obtempère. Je ne l’ai pas regretté. _Et je le remercie vivement à mon retour. C’eut été dommage de rater ça. Le soir arrive ; petit souper léger et avant de m’endormir, je souhaite le bonsoir à mes deux voisins de chambrée, placés chacun, l’un à gauche, l’autre à droite de mon lit. L’Allemand, bien sûr, et l’ autre un Anglais qui lui se débrouille plutôt mal avec la langue Française. Qu’importe, l’Angliche et le ? ? ? ? (p 18) ont fraternisé et ça me fait plaisir. Excellente nuit.

Lundi 14 Juillet. Fête Nationale. Départ très tôt (je m’étais arrangé avec le frère aubergiste pour le petit-déjeuner) pour la dernière étape, ou plutôt ma demi- étape, avant d’atteindre mon objectif : Sainte-Enimie.

Sur tout le parcours , je n’ai vu qu’un drapeau tricolore. Bleu, blanc et rouge comme à mon certificat, mais en plus grand. Et ce sujet, un détail sur l’esprit indépendant des gens de cette région ; On rencontre par ci, par là, dans des cafés, sur des cartes postales, cette inscription " Ici finit la France, ici commence l’Auvergne " avec même un poteau frontière pour appuyer cette affirmation.

Je quitte le Puy au petit jour. Il fait frais, j’enfile le K-Way. Les routes sont calmes. Je passe rapidement Castaros, Pradelle, Langaygne ( ? ? ? p19) – un incident quand même : un superbe berger allemand, échappé de son enclos, bondait joyeusement vers ma frêle machine. Je retire mon pied droit du cale-pied, pas rassuré du tout ! Mais il passe devant moi. ! l’instant d’après, j’entends, derrière moi, un choc, un bruit de ferraille. Ensuite, une camionnette me dépasse. Je ne me retourne pas. Je ne sais rien de ce qui a pu se passer mais je présume que le malheureux animal a du se faire heurter par la camionnette. Avant d’arriver à Mende, sur des kilomètres et des kilomètres, on refait la route et, en outre, on la rectifie : Les bosses sont rabotées, les creux sont comblés, les virages sont refaits pour diminuer leur courbe. L’année prochaine, pour le même trajet, il y aura sans doute des kilomètres en moins. Je suis passé un an trop tôt !

J’arrive à Mende en fin de matinée. C’est paraît-il, la ville la plus peuplée du département de la Lozère avec ses 6000 habitants. Le nom des habitants ? Pourquoi pas les Mendiants ? La Lozère est le département le moins peuplé de l’hexagone. Son annuaire est guère plus épais que le bouquin d’André Tignon " Nous les Cyclos " (environ 15 mm ?).

Après Mende, c’est plat jusque Balsiège ( ? ? ? p 20). Ensuite, pour se hisser sur le Causse de Sauveterre, ça grimpe, ça grimpe ! Il fait chaud maintenant. Le K-way est enlevé depuis un moment. Enfin je passe à Sauveterre. Ben, si la terre doit être sauvée par ça ? ! Ce n’est qu’un hameau minuscule ! Il n’y a que quatre ou cinq maisons.

… A SUIVRE

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