L'ETABLISSEMENT REGIONAL DU MATERIEL
DE
LA FERE

UNE RICHE HISTOIRE

 

L'Etablissement Régional du Matériel de La Fère est l'héritier d'une stratégie ancrée dans les nouvelles conceptions militaires de la Renaissance. C'est en effet sous FRANCOIS 1er qu'apparait l'idée de stocker et de fabriquer des armements militaires dans le but de mieux servir l'acheminement et le distribution du matériel d'une artillerie toute nouvelle. La FERE apparaît en 1658 comme une place suffisamment sûre, car éloignée des nouvelles frontières du traité de Nimègue, pour assurer cette mission.
1666
C'est dans cet objectif que le Duc de Mazarin, grand maître de l'artillerie, neveu par alliance du Cardinal de Mazarin, crée en 166 l'ARSENAL de LA FERE.

1672
Création du Moulin à poudre, au Sud de l'Arsenal, au delà des fortifications et de l'autre coté de l'Oise sur une île appelée "Demi-lune.

1676
Le moulin à poudre explose une première fois; l'histoire raconte que vers seize heures des employés, alors qu'ils sortaient, eurent la barbe et les cheveux brûlés sous l'effet de l'explosion. Dirigés par le maire et le commandant en place, Monsieur de LA BROSSE, les habitants munis de seaux d'eau tentèrent, en vain, de sauver le moulin qui brûla avec matériel et outillage. La perte fut estimée à 2 932 livres, bâtiment non compris. Malgré la vive opposition des habitants, le Moulin à poudre fut reconstruit deux fois avant d'être transféré à SAINT-PONCE.

Blason du grand Maître de l'artillerie. "de France, au bâton peri en barre de gueules"


Gravure datant du XVIIIe siècle. Fondeurs à l'ouvrage.

1709
On construit à coté du moulin un hangar appelé "Nitrière" qui sert au travail des salpêtres. Toute la "demi-lune" est affectée au commissaire des poudres qui a le monopole de la production et de la vente des produits.

1710
Pour loger les ouvriers d'état et afin d'agrandir certains ateliers, les maisons voisines de l'Arsenal sont louées par l'état.

1719
On construit une fonderie.

1725
Sur un terrain à l'Est de la portion centrale le ROI fait construire un bâtiment rectangulaire ouvert sur une large cour. On y installe de nombreux ateliers dont celui des fontes qui comprend trois fourneaux respectivement de 10 000, 30 000 et 50 000 livres. Cet ensemble sera cédé au cours du XIXe siècle.


Vue du bâtiment principal datant du XVIIIe siècle.

1736
L'Ingénieur BELIDOR construit une scierie au Nord du Tortoir du Duc de Mazarin (moulin à huile), sur un petit bras de l'OISE. Cette scierie a deux étages: le rez-de-chaussée comprend le mécanisme des mouvements, des machines à percer les flasques, un tour pour le fer; le 1er étage, abrite quatres postes de sciage, des tours à bois, une machine à canneler les écouvillons tandis qu'au 2ème étage est installé le mécanisme des différents tours actionné par une roue à aubes planes.

1738
Toutes les maisons louées sont achetées et transformées; on y établit les bureaux du directeur, des officiers et les logements des gardes et du portier. Certains bâtiments sont détruits et remplacés tel que ceux des forges et de l'embattage (cerclages des roues) ou le couvert des Capucins d'autre part (ainsi nommé parce qu'il touche le couvert des Capucins). Un nouveau corps de bâtiments, "le petit arsenal" vient s'adosser au précédent agrandissement ainsi la portion centrale. On y ferre les affûts.


L'atelier des forges.

1740
Le moulin à huile devient moulin à poudre.

1770
L'activité de l'Arsenal est telle qu'il faut l'agrandir. Le Roi achète au Duc d'Orléans, héritier des Mazarins, le terrain de "jeu de battoir" à l'ouest de l'Arsenal (bâtiment 048), le jardin "HERMEZ" (bâtiment 020) et le moulin à huile ou "tordoir". L'arsenal se spécialise dans la construction et se hisse à la hauteur de DOUAI, METZ, STRABOURG ou BESANCON. On y fabrique des armements en partie en bois avec seulement quelques ajouts métalliques, tel que les affûts, les caissons, les pontons et leurs agrès. L'organisation de l'arsenal est bien particulière: l'état fournit les outils et les matériaux, le maître d'oeuvre apporte son personnel. La fabrication ne se fait que sur commande. Enfin, les pièces fabriquées ne sont payées qu'une fois réceptionnées, tout ceci sous l'autorité de l'officier contrôleur d'artillerie qui assure la discipline et le contrôle des opérations.


Le martinet.

1776
Un décret de 1776 nous renseigne sur le personnel de l'Arsenal. Le directeur est colonel au corps royal de l'artillerie, ses adjoints sont officiers et capitaines, quant à l'exécutif, il se répartit entre employés et compagnies d'ouvriers d'état.

1794
Pendant la Révolution, l'Arsenal est chargé de ravitailler les armées de SAMBRE et de MEUSE ainsi qu'une partie des armées du Nord. Pour répondre à cet accroissement de la demande le directeur fait appel à une main-d'oeuvre civile.

1802
L'Arsenal est chargé d'un vaste programme de construction de véhicules hippomobiles militaires. On modernise l'arsenal en installant un martinet: au premier étage une forge double et au second un soufflet qui sont actionné alternativement par un mécanisme hydraulique situé au rez-de-chaussée.

1814
La ville capitule devant les Prussiens qui occupent LA FERE et pillent l'Arsenal. 150 bateaux leurs sont nécessaires pour charger tous les approvisionnements.

1870
Avant l'occupation de 1870, on évacue les approvisionnements vers le centre de la France.


Sortie des ouvriers.

1882
L'Arsenal de LA FERE occupe ne situation privilégiée, on le modernise en construisant une salle d'Artifices et un grand magasin à poudre.

1885
Un incendie ravage une grande partie des bâtiments munitions. Equipements et armements sont transférés à BEAUTOR et FARGNIERS.

1903
Un décret de septembre réorganise l'Artillerie. L'Arsenal de LA FERE reçois la mission du stockage et de la distribution au profit des corps du 2e Corps d'Armée.

1914
L'Arsenal devient le parc d'Artillerie du Corps d'Armée.

1918
Très endommagé par la guerre, l'Arsenal est classé Parc Régional de réparation et d'entretien du matériel. La nouvelle utilisation des véhicules à essence perturbe l'organisation des arsenaux.

1924
On construit sur le jeu de battoir deux bâtiments destinés à l'armement et l'outillage.

1925
Le personnel se compose d'une centaine d'ouvriers civils. Les cadres de l'Arsenal sont maîtres ouvriers d'état, officiers ou sous-officiers du service de l'artillerie.

1936
On adjoint à l'Arsenal les annexes de LAON, SISSONNE, SEDAN, HAUTRECOURT et MEZIERES.

1940
Devant la débâcle les personnels civils se replient à LIANCOURT. On licencie.


Les vannes d'autrefois.

1944
Les allemands minent tous les locaux mais d'anciens ouvriers parviennent à couper la chaîne pyrotechnique.

1945
Le service du matériel devient autonome. Après réorganisation de la IIe Région Militaire, l'Arsenal devient annexe de LILLE (E.A.M.). Il perd ses annexes de Sedan, Hautrecourt et Mézières, qui sont rattachées à la nouvelle VIe Région Militaire.

1950
L'E.A.M. de LA FERE devient ETABLISSEMENT REGIONAL DU MATERIEL (E.R.M.) et recouvre son autonomie. Le magasin atelier de SISSONNE lui est rattaché, celui de LAON est déplacé à FOLEMBRAY.

1958
Les dépôts de munitions de BOIS L'EVEQUE et de St MICHEL sont rattachés administrativement à l'E.R.M. de LA FERE.

1962
Le dépôt de munitions de Bois l'Evêque devient autonome par la création de l'E.R.G.Mu de ORS; s'y rattache le dépôt de St MICHEL. L'E.R.M. assure la remise en état des matériels de retour d'Algérie.

1965
Mise en place de la mécanographie pour la gestion des approvisionnements.

1967
l'E.R.M. assure les missions de soutien différé et d'approvisionnement de la 8e Division (particulièrement la 14e Brigade mécanisée). L'E.R.M. et ses annexes employent 275 ouvriers et employés.

1972
Outre la portion centrale à LA FERE, l'E.R.M. comporte:
-1 atelier détaché à SISSONNE
-1 service et dépôt munitions à SISSONNE
-1 dépôt de stockage de matériels à St MICHEL
-1 dépôt de stockage de matériels à FOLEMBRAY
L'effectif est de 55 militaires et 245 employés et ouvriers soit 300 personnels.

1975
Les dépôts de stockage de matériels de St MICHEL et de FOLEMBRAY sont dissous. Le dépôt de munitions de St MICHEL est à nouveau rattaché à l'E.R.M. de LA FERE.

1982
L'E.R.M. assure le soutien (sauf optique et NBC) des unités de la 8e DI/22eDMT et unités des EOCA 3 (soutien direct, approvisionnement, soutien débordé unités 8e DI) avec le concours des trois annexes qui lui sont rattachées:
- l'annexe de SISSONNE
- le dépôt munitions de SISSONNE
- le dépôt munitions de St MICHEL
pour un effectif global (officiers, sous-officiers, soldats, employés et ouvriers) de 352 personnes.


Remise du fanion.


1992
Dans le cadre du PLAN ARMEES 2000 qui fixe à l'Armée de Terre une réduction de ses effectifs, la fermeture progressive de l'E.R.M. de LA FERE de 1993 à 1997 est annoncée le 16 avril. L'E.R.M. compte alors 386 personnes (Officiers, Sous-Officiers, EVAT, Appelés du contingent, Cadres techniques et administratifs, Employés et ouvriers).

1993
1er JANVIER: Depuis JUILLET 1992, les personnels quittent l'Etablissement soit par départ en retraite soit par mutation vers d'autres établissements. 1er JUILLET: Après 19ans de vie "commune", les Dépôts munitions de St MICHEL et SISSONNE sont détachés de l'E.R.M. de LA FERE et rattachés respectivement aux E.R.M. de DOUAI et CHALONS SUR MARNE. 1er SEPTEMBRE 1993, l'effectif de l'E.R.M. de PICARDIE (LA FERE et ANNEXE DE SISSONNE) ne compte plus que 8 officiers, 21 Sous-Officiers et moins de 100 personnels civils. Ainsi après 327 années d'existence, cet Etablissement qui aura marqué la vie de LA FERE mais aussi celle de toute une région est en train de disparaître laissant dans le coeur de tous ceux qui y ont servi, le souvenir d'un ensemble cohérent et parfaitement intégré dans son milieu.


Une des missions de l'établissement.
"Opération Forpronu 1992."

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