Toi, poésie !
Par Janick Godard Ferland

 

 

On m'a dit : lis, lis beaucoup. Ce que je fais. Je lis des papiers sur toi, poésie. Je te lis sous toutes plumes. Inspirées, cérébrales, froides, et flamboyantes. Je te lis sous tous les angles. Parfois j'y retrouve ta tendresse, ta peau, ton univers. Parfois. Ce qui est de toi et de ma plume sur toi. Quelques mots d'encre et de sang, un élan froissé de ton âme. À peine l'espace d'une caresse.

Mais plus souvent j'y vois des gens te toucher, te fouiller dedans. Te passer sous la vitre de la compréhension. Faire silence de ton âme au profit du "moi, je la comprends". Je te vois exposée, nue, désolée.

Alors je t'observe sous tous ces mots... grossie, chairs ouvertes, sans secrets, ton univers à plat. Et je ne comprends pas, tout cet étalage, tout ce décorticage. J'ai un mouvement de recul. Et on insiste :"regarde, elle n'est pas ce que tu crois. tu dois l'écrire comme ça."

A-t-on seulement compris le sens de ton nom ? Derrière ton loup se cachent des étoiles, faut-il absolument l'arracher pour enfin t'identifier ? Est-ce si important ? On m'a dit "tu ne peux écrire ce que tu ne connais pas". Et si je ne te connaissais pas des livres savants mais de l'expérience de ta présence ? Si tu m'étais âme qui se dit de mots, un secret de mon âme à ton âme ? Un sans fin de tendresses, de nuits désolées, d'étoiles déboussolées, d'ivresse, de fleurs mouillées au fond des bois si seules et si muettes sans toi. Et si je te connaissais de ce lac noir, où je me noie sans crier ? Et si tu étais moi ?

Je ne sais pas, mais tout poème est pour moi un cachet sacré. Je ne le touche pas, je ne sais que boire sa beauté.

 

 

 

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