Transparences



 

Le vent fade charrie sur le fleuve les débris de mon rêve,
Les dépouilles des mots s'enivrent de l'eau grise.

Nous étions transparents comme le givre, fragiles comme la nuée, hantés par la splendeur...
Tes gestes somptueux délimitaient le monde et mon esprit brûlait de se perdre en le tien.

Te souviens-tu... Te souviens-tu, je marchais dans ta grâce...
Aux crêtes ocres du sable, nous regardions longtemps le puissant horizon, nous étions désarmés, aériens, habités de sourires et de lumière nue.

Te souviens-tu, tu dormais dans mon ombre.

C'était un autre temps, ô mon bel assassin,
C'était un autre espace, une lune ironique gouvernait nos regards,
Il nous faudrait des chaînes il nous faudrait des liens, au loin des villes noires, des soldats et des chiens.

 

 

 

© Isabelle Nouvel, 1998.