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On m'a dit : lis, lis beaucoup.
Ce que je fais. Je lis des papiers sur toi, poésie. Je te lis sous toutes plumes.
Inspirées, cérébrales, froides, et flamboyantes. Je te lis
sous tous les angles. Parfois j'y retrouve ta tendresse, ta
peau, ton univers. Parfois. Ce qui est de toi et de ma
plume sur toi. Quelques mots d'encre et de sang, un élan
froissé de ton âme. À peine l'espace d'une caresse.
Mais plus souvent j'y vois des gens te toucher, te fouiller
dedans. Te passer sous la vitre de la compréhension. Faire
silence de ton âme au profit du "moi, je la comprends". Je
te vois exposée, nue, désolée.
Alors je t'observe sous
tous ces mots... grossie, chairs ouvertes, sans secrets,
ton univers à plat. Et je ne comprends pas, tout cet
étalage, tout ce décorticage. J'ai un mouvement de recul.
Et on insiste :"regarde, elle n'est pas ce que tu crois.
tu dois l'écrire comme ça."
A-t-on seulement compris le
sens de ton nom ? Derrière ton loup se cachent des
étoiles, faut-il absolument l'arracher pour enfin
t'identifier ? Est-ce si important ? On m'a dit "tu ne peux
écrire ce que tu ne connais pas". Et si je ne te
connaissais pas des livres savants mais de l'expérience de
ta présence ? Si tu m'étais âme qui se dit de mots, un
secret de mon âme à ton âme ? Un sans fin de
tendresses, de nuits désolées, d'étoiles déboussolées,
d'ivresse, de fleurs mouillées au fond des bois si seules et
si muettes sans toi. Et si je te connaissais de ce lac noir,
où je me noie sans crier ? Et si tu étais moi ?
Je ne sais pas, mais tout poème est pour moi un cachet
sacré. Je ne le touche pas, je ne sais que boire sa beauté.
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