Clin d'oeil

 

Le Poète et l’Oiseau

Je ne sais pas pourquoi il y a toujours tellement d’oiseaux dans les poèmes. A part chez Emmanuel Hiriart (qui n’en met pas tant que ça, d’ailleurs) : c’est simplement parce qu’il s’occupe d’une association d’ornithologie. Mais cela lui pose d’autres problèmes : par exemple, comment faire comprendre à ses lecteurs que le vautour n’est pas, chez lui, un symbole funèbre. Je ne suis d’ailleurs pas convaincue qu’il y arrive un jour, à moins d’accompagner tous ses recueils d’une documentation sur les moeurs plaisantes de ce splendide animal.

Imaginons : il est possible que le poète se promène dans la campagne, mêche au vent, cherchant l’inspiration. Et là, bien sûr, que voit-il, qu’entend-il ? Des oiseaux. A défaut d’inspiration, cela pourra faire l’affaire, se dit-il... Un coeur par ci, une âme par là, et quelques oiseaux : même s’il n’est pas original, le poème sera vraisemblable.

Par contre, je sais pourquoi il y a toujours beaucoup de chats dans les oeuvres des graphistes et des illustrateurs... tous ceux qui vivent avec une de ces gentilles bestioles l’ont remarqué : le chat adore se coucher au bout de la table à dessin, et sommeiller voluptueusement pendant que son maître travaille. Il s’impose ainsi comme le modèle naturel de l’artiste. Il y a d’ailleurs moins de chats chez les peintres : le chevalet étant le plus souvent vertical, les chats ont quand même quelques difficultés à s’y percher ...comme des oiseaux.

Pour en revenir au poète et à son oiseau, eh bien, moi, manque de chance, j’ai un chat. Noir, élégant, et très bon chasseur. En l’occurrence, il a assassiné tous les oiseaux du jardin. D’abord le couple de mésanges, puis le rouge-gorge familier. Quant aux étourneaux, plus fûtés, ils ont fui. Voilà toute mon infortune.

Et c’est sans doute pour cela que je ne comprends rien à la poésie :-) .

Isabelle Nouvel

 

 

Alain Korkos, auteur et illustrateur pour la jeunesse,
webmaster du site
Plumes & Pinceaux :

Dans le recueil intitulé "Raymond Chandler - Lettres" publié chez Christian Bourgois Ed. en 1980, il y a une quinzaine de lettres de R. Chandler concernant ses chats successifs. Je me souviens de l’une d’entre elles, où il raconte que son chat vient souvent se poser sur la feuille qu'il est en train de noircir. Sa plume contourne alors le chat endormi pour ne point le déranger, et c'est ainsi que son manuscrit prend des formes bizarres, qu'on pourrait supposer dues au whisky...

 

 

Philippe Villette, www.ballons-par-millions.com :

Juste un mot qui se veut léger
mais qui se bleuit de peur des profondeurs
"Si la plume contourne le chat, c'est peut être que l'oiseau est mort
croqué, rogné au feu de la chandelle"

 

 

Réaction de Michel Ducom

Madame,
Sans doute ne comprenez-vous rien à la poésie...
Mais au moins, vous avez commerce avec elle : quelques mots qui vous enchantent, et que vous ne laisserez aller seuls sous aucun prétexte, sans image, sans entêtement, sans d'autres mots, véritables bandits de grand chemin, qui les accompagnent. Continuez à ne rien comprendre, puisque vous le dites, à la poésie, et à écrire, la poésie, pour notre bonheur.

 

 

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