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C'est au corps de la femme Que se joignent les rives Que la césure abolit.
J'aime à retrouver en leur maturité aboutie Les grâces maladroites de l'adolescence. En toi elles sont toutes
Juillet 1995 Fleurs encore maladroites, froissées Par la ganse d'hiver du bourgeon, Les femmes se déplissent et s'exposent. C'est le printemps.
En ces temps de canicules, elles s'offrent et Se refusent, Vêtues de transparences courtes et légères Qui les dévoilent.
Juillet 1995 Sur la placePosée en virgule sur le banc, Les yeux ouverts sur le désespoir, Modigliani brune, vêtue de blanc et noir, Les mains jointes sur ses genoux serrés, Elle prie au pied des tours de la cité cathédrale Implorante d'à venir. Passagère Les courbes du visage Le désordre savant des cheveux en cascade Sa bouche ferme et délicate Le miel sombre de ses yeux Avaient dans leur harmonie Un je-ne-sais-quoi de touchant.
Sortie d'école Elles ont les cheveux tirés, sagement attachés sur la nuque, et des anoraks noirs identiques. L'une porte des collants noirs, l'autre un pantalon de velours côtelé. Lolitas indécises, elles se révéleront à elles- mêmes au retour du printemps. Clichy, 7h 55 Fine silhouette de cuir noir. La féminité descend de son scooter. Un coup de reins et le voilà sur sa béquille. Un doigt, un autre doigt, en gestes économes, elle enlève ses gants révélant ainsi des mains élégantes aux griffes incarnat. Appliquée, elle dessangle son casque, et le petit jour s'offre une longue chevelure à rendre jaloux le soleil pâle du matin. Elle descend la fermeture à glissière de son blouson puis libère ses oreilles des écouteurs du baladeur. La minuscule machine qui nichait à sa taille disparaît dans le sac qu'elle porte en bandoulière. Gestes empreints d'efficacité tendre. Envie d'être l'objet de cette attention.Corps qui s'offre prenant en défaut la volonté ; centrée sur ce qu'elle fait, elle ne se donne pas en spectacle. Désir d'elle. D'un mouvement de tête dont la longue pratique n'enlève rien à la grâce, elle aère sa chevelure. Visage délicieux, mis en valeur par un maquillage discret. Sa mesure et sa retenue exhalent une sensualité dont la douceur appelle la violence. Elle tourne le dos à la rue et entre dans la pâtisserie dont le rideau vient de se lever. Dans quelques instants elle vendra des gâteaux. Passagère De sa veste de peau fourrée, proprement râpée aux poignets, fatiguée aux pliures, émerge le tuyau blanc du col de son corsage. C'est un col à l'ancienne, aéré de broderies que serre un ruban de même tissu, à la base du coup. Sa tête gracieuse, au visage allongé que nul fard ne vient mettre en valeur dégage comme un parfum de grand-mère tendre. Elle s'installe, assise sagement. Ses doigts en fuseaux sortent délicatement de son sac de cuir une ébauche de tricot à deux fils. Mailles comptées et recomptées. Quand la voiture traverse une plage de soleil entre deux vagues d'ombre immobilière, quelques fines bagues brillent à ses doigts. Une alliance peut-être ? Elle tricote lentement, avec une application de bonbon anglais, une douce application acide. Maille à l'endroit, maille à l'envers. La laine est rose. Une layette ? Alors l'alliance... peut-être...? Sa mise entière resplendit de modestie. Un modèle de tendresse pour peintre de madonne. Assise au fond du bus, elle n'a pas vingt-cinq ans.
Boucles blondes sur veste rouge, Deux yeux verts rêvent, Dans l'échappée des murs de briques.
Délicate béance fleurie Sur un liseré de dentelle blanche. Emotion.
Gainée en domino, Elle rythme son impatience Au balancement de sa jambe.
Rouge, Blanc, Noir D'où émerge la grâce fuselée des jambes Irradiant la tendresse.
CHANTS A se réchauffer l'âme Au congrès de l'amour Je convie. Première Elle ouvre à l'être Dernière Elle sublime les autres. 4 Juillet 1993 Le jour s'engrène en fractions d'éternité Que plissent au quotidien des gestes de passion. Oh ! Retrouver la douceur fruitive De cette joue. Dans ces instants volés Au quotidien que j'aime, Qu'est - ce ? Encore Toucher les courbes familières aux sonorités violoncelles Goûter les saveurs océanes au creux des plis secrets Humer un jour les roses de Bagatelle L'âme dévoilée et le corps qui se donnent Abreuvent Le désireur d'absolu. Pierre levée, marqué du sceau De ton empreinte tellurique, Frigg, je te suis lige Rebroder sans cesse, Aux chemins de traverses, Une carte du Tendre Incertaine et avide. Tension. Prière apollinienneNe crains pas de te donner L'autre saura te recevoir. Si tu crains de te perdre Il saura te rendre à toi-même. Si le fol attelage échappe à la gravitation morale, Faire un soleil dont le rire éclairera La nuit des sots. Prière du jardinConnaître La source des effluves évanescents Saisir Le réconfort aux courbes des épines Se désaltérer Aux lèvres ouvertes de la rose humideRemplir un instant d'éternité. Aux creux les plus intimes Je dépose les baisers sages Et fous qu'on imagine. Un ciel bleu, humide et triste Un vent qui caresse trop fort Tout appelle à l'amour. Dans l'encrier du ciel renversé Les sapins trempent leurs plumes noires. Les rochers de la pente nous ont aimés. Une voix, frisson de bas qui glisse Dévoilant le grain de l'âme Passion qui s'offre en fleur éclose. Douceur humide du soir qui tombe Comme soie aux pieds d'une femme Le ciel est couleur de ton absence. Vestale qui brûle aux feux qu'elle entretient, Elle garde le ciel lourd A son pied. Les rues sont vides Et le fauteuil sans odeur J'attends le creux de ta main. C'est au matin Que l'aigremoine dénonce Les instants volés A la froidure de l'automne. Bonheur champêtre Debout Entre fleuve et ciel. VERONIQUES La maison La dune ou l'étang La pierre levée L'arène des étésLe monde Le buisson ardent La couche des amants. Que puis-je découvrir Que nul autre n'a vu ?
Dans la flaque ridée où les nuages reculent Le vent pousse l'éclat doré d'une feuille.Je traverse la vie.
Perdu dans un défi dérisoire Seigneur d'un monde qu'il ne reconnaît pas Un homme rêve la mort.
A l'orée de la nuit Toutes les étoiles Seront éteintes. Qu'importe, l'à venir J'aurai fait le chemin.
La richesse de l'entre - deux Hypostase lumineuse Douceurs féroces de parenthèses
C'est au creux de la nef, alors qu'elle navigue Que brille la lumière qui repousse l'écueil. Elle laisse la certitude aux pierres du chemin Emportant la lumière fluctuante de l'ombre. Surtout, Ne pas faire briller la lampe Mais prendre le plaisir, à son insu. N'abolit pas le soleil. Cette tension Qui me tire à la côtePeuple le quotidien de mes rêves. Mystère de l'être dans l'être, Ce souffle ténu me parle d'exil. Sa constance m'accompagne. Pouvoir à chaque instant Etre l'objet De cette inaccessible douceur.
Savoir à chaque instant Etre l'objet De cette indicible douleur. Les lettres interdites Eclatent Parole au bout des doigts Etre les autres Etre soi. Chemin du rêve Obole au Passeur Argus qui veille La force de l'élan retenu Habite ces instants où le Léthé s'oublie. Passage Les rides de l'eau Masquent les remous profonds. Le printemps boudeur Cède à la force de la Promesse.
Passage Hier ne présage pas demain Même s'il habite aujourd'hui. Blessures anciennes Qui refusent La vérité ressentie,Blessures anciennes Qui acceptent La vérité de l'émoi. Douleur Qui retient à la Terre L'élan qui pousse au ciel. Exilé intérieur, si loin, si près, Il me reste à chanter les rêves Des improbables possibles.
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