|
|
|
|
|
Avec tout ce qui chante
Recueil (extraits)
à Hélène
Dire tout ce qui chante et qui ne veut rien dire
Gommés les mots de tous les jours
Voici le soir avec ses étranges discours
Et son ombre bavarde et le vent qui respire
A l’oreille disant la rumeur des sous-bois
La terre odeur d’ailleurs et d’autrefois
Toujours la même et toujours désapprise
Mon poème sera cette âme en porte-voix
L’écho sacré du soir comme un pilier d’église...
Ta peau jeunesse d'herbe tendre
Jardin de ma lèvre aux abois
Ivre de boire ivre d'entendre
Arpent de peau saveur de cendre
Mon coquillage aux mille voix
Pourtant les jours vont l’amble aux crêtes des buissons
L’aube se va rougir des heures disparues
Pourtant ride sur ride aux platanes des rues
Un vent nouveau dira la valse des saisons
Déjà l’automne, mais qu’importe...?
Le soir est là, nimbant ma porte
Présence indélébile aux briques des cloisons
Le soir gravé comme une eau-forte...
Ton sommeil ressuscite un monde à ma fenêtre
Tant de fruits à cueillir sur les branches du soir
Bonheur qui passe en habit noir
Plain-chant des vents ballet, des ombres qui vont naître
Tant de fruits à cueillir sur les branches du soir
Et ce goût d'oranger qui germe sur ta bouche...
Aux serres chaudes de ta couche
Tant d'heures vont fleurir, tant d'ivresse pleuvoir
Que ce goût d'oranger qui germe sur ta bouche
Promenoir de mon rêve où je rêve à foison
Que ton sommeil ô ma prison
M'enracine à jamais en toi comme une souche...
Mots opaques persienne close
Où bute un poète aux abois
Fasse le dieu des soirs que j’ose
Puiser aux sources de la rose
Aux arpèges des vents à la sève des bois...
Des lambeaux de lumière arrimés au plafond
Trois oeillets en bataille un vieux vase de Sèvres
De longs soupirs enfants endormis de tes lèvres
Et la nuit pour toile de fond
De vieux livres repus, siècles en robe fauve
Mon bureau taciturne ami sourd reposoir
Où mûrissent les mots, et le parfum du soir...
J’ai fait mon palais d’une alcôve
|
|
|
|
|
|