Claude Pétey

Mon nom est un poème à jeun

    Claude Pétey est né le 2 janvier 1925 à Vanves, dans les Hauts de Seine. Tout jeune, il dessine ; également, il écrit des textes qui "s'apparentent à des poèmes". Suite à des études classiques, il entre à l'école des Arts Appliqués à l'Industrie puis aux Beaux-Arts de Paris et se perfectionne en divers ateliers jusqu'en 1945. Simultanément à sa carrière de décorateur-ensemblier, créateur de modèles, il écrit. Remarqué par José Millas-Martin et Jean L'Anselme, il publie une première plaquette en 1973. Depuis cette date sont parus dix ouvrages de poèmes et réflexions. Avec le parrainage d'Eugène Guillevic et de Jean Rousselot, il est admis à la Société des Gens de Lettres de France (Didier Decoin, président, 1989).
   
    En mars 1996, le metteur en scène Vicky Messica (décédé en 1998) organise, avec sa compagnie, un spectacle sur les textes de Claude Pétey : "Plus rose que ciel acide" au théâtre Les Déchargeurs à Paris.
   
    Claude Pétey est responsable de la série "La Sève aux Doigts" et de l'Association "Les Herbiers d'Images" qui édite la collection Trilobe - Poésie. Il est aussi publié en revues, comme dans Jointure (printemps 98) ou Europoésie, dont il a réalisé l'actuelle couverture. Les textes ci-dessous sont tirés de son récent recueil "Mon nom est un poème à jeun" (décembre 1998), publié par l'association Les Herbiers d'Images, 43 rue Berthelot, 77400 Pomponne.






Ainsi l'ai-je parée

Sur mon chemin de vie j'ai pêché des lumières
De jour comme de nuit dans le lit des rivières
Où l'étoile des cieux aime à faire son nid

Sais-tu que le soleil a lui en mon filet ?
Sur mon chemin de vie j'ai mené mon amie
J'ai fait luire à son cou les bijoux de ma pêche

Ainsi l'ai-je parée d'un collier d'intentions
A son cou précieux j'ai greffé de l'étrange
Sais-tu que notre amour était mûr à midi ?







Rien que banal

A l'aube de ma vie j'ai écrit à Noël
Comme un petit garçon qui souhaite faveur
Il y a fort longtemps que ma lettre voyage

Sa lumière du coeur espère encore écho
J'ai écrit à Noël et l'ai dit à ma mère
J'ai reçu correction pour oser ma requête

De chemins en chemins je n'ai cessé d'écrire
A Noël aux Noëls était-ce nécessaire
Je n'ai croisé qu'espoirs pour éclairer ma soif







En page dix

Une partie de moi croit en Dieu
L'autre partie voudrait y croire

J'achète des journaux j'achète du malheur
Par colonnes le viol la torture la drogue

En page dix : l'enfant de Somalie est mort
Une partie de moi dit que Dieu laisse faire

Une partie de moi dit que Dieu ne peut pas
Mettre un harnais à l'homme et gérer les haras

Que ferons-nous demain quand seront inventées
Des chimies dans les eaux, qu'autres sauvageries

Décimeront sans cri leur content de tributs ?
L'autre partie de moi voudrait qu'il n'en soit rien







Le parcours du manuscrit

Ce n'est pas parce que
tu lui écris à l'encre bleue
que la mer va te répondre

Sais-tu combien de mots sombrent en mer
ou s'évaporent ?

Même si tu emploies des mots légers et frais
fins et précis  à son adresse

Ce n'est pas parce que
tu lui écris à l'encre bleue
que la mer les lira







Un ami

Je sais immensément l'âge de solitude
Mon ami le soleil accomplit son concert
Grandiose d'écriture ample de magnitude
Où se joue étranglé le destin du vieux cerf

Je sais immensément la lumière comptée
Mon ami le soleil me signe un alibi
Afin que chaque soir me soit journée contée
Par le plus grand acteur dans son plus bel habit

Je sais immensément la descente d'estrade
Mon ami le soleil s'offre à m'accompagner
Pour terminer à deux ma dernière tirade
Je sais immensément mes enfants éloignés

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