Les Otaries
 


« La famile des Otariidae, exclusivement marine, est divisée en deux sous-familles : celle des Lions de mer et celle des Otaries à fourrure, ces dernières étant généralement plus petites, avec une fourrure plus développée ( 40 000 poils/cm2 chez l’otarie à fourrure antarctique) et un museau plus pointu (d’où le nom scientifique de cette famille du grec Arctocephalus = tête ressemblant à celle d’un ours). Huit espèces d‘Arctocephalus sont reconnues, six d’entre elles vivant dans l’hémisphère sud. L’Otarie à fourrure d’Amsterdam se reproduit sur les îles de l’Océan Indien et Atlantique entourées par des eaux relativement chaudes, d’où leur nom A. tropicalis. Elle possède un large plastron beige qui tranche sur le reste de la fourrure qui présente une coloration marron. Le mâle est aisèment reconnaissable par sa taille, une tête plus « carrée » et par un houpette érectile qui le fait ressembler à un iroquois. Cette houpette apparaît avec les années, elle est absente chez les immatures. Les variantes de colorations sont nombreuses, allant du marron quasi-intégral à l’individu très clair, voire albinos.

UN PEU D’HISTOIRE

         Les premiers navigateurs, tel Valentyn en 1726, notaient l’abondance d’Otaries sur les côtes de l’île Amsterdam, ce qui rendaient les débarquements difficiles. Aux 18ème et 19ème siècles, les îles australes étaient largement fréquentées par moults navires chasseurs d’huiles en tout genre (baleines, phoques, manchots, ...). Suite à l’ouverture du marché chinois qui permettait d’écouler la fourrure, l’exploitation des Otaries s’intensifia. Entre 1799 et 1835, plus de 150 000 peaux furent prélevées sur les seules îles de Saint-Paul et Amsterdam. Après moins de 40 ans de chasse, Saint Paul, plus fréquentée, ne comptait plus une seule otarie. A la fin du 19ème siècle, l’espèce était supposée éteinte sur Amsterdam. Aucun groupe de mammifères n’a plus souffert de la chasse à la fourrure que le genre Arctocephalus (snif,snif !! c’est triste). Ce n’est qu’en 1956 que quelques cent adultes furent recensés sur la côte ouest (la moins accessible) d’Amsterdam. Depuis, la population des îles Saint Paul et Amsterdam a repris de la fourrure de la bête. Estimée à 49 000 individus en 1982, la population semble se maintenir à ce seuil. Les Otaries fréquentent la quasi-totalité de la côte d’Amsterdam et se regroupent en colonies de reproducteurs et en colonie de non-reproducteurs, selon l’âge et le status social.

 

 POLYGAMIE : AVANTAGES ET INCONVENIENTS

 

 Les Pinnipèdes ont une reproduction polygame, le mâle sollicitant plusieurs femelles lors de la saison de reproduction. Les mâles, physiologiquement matures à 4 ans, ne pourront se reproduire que lorsqu’ils seront socialement matures, c’est à dire suffisamment forts pour possèder et maintenir un territoire et un groupe de femelles, soit à l’âge de 8 ans seulement.

Alors commence la saison de reproduction proprement dite. Les mâles se font titiller par leurs hormones, établissent leur territoire et le défendent devant les tentatives de percées des mâles voisins. Les stratégies de défense sont essentiellement dissuasives, bien que des combats puissent s’achever par des blessures graves. Ceci explique que la mortalité des mâles reproducteurs soit très importante et qu’un mâle socialement mature ne pourra assurer plus de 2 saisons de reproduction. Fin novembre, les premières femelles reviennent. Elles rejoignent la même colonie de reproduction que celle qu’elles avaint quitté plus d’un mois auparavant. C’est en décembre que les arrivées de femelles sont les plus nombreuses. Dès qu’elles touchent terre, les femelles sont retenues par le mâle le plus proche. Un mâle peut ainsi établir un harem de 7 à 10 femelles en moyenne. Le jour même de son retour à terre ou le lendemain, la femelle donne naissance à un petit unique de 4 à 5 kilogrammes, dont la fourrure est entièrement noire (c’est pour cela qu’on les appelle les petits noirs!). Dès la mise bas (plus de 95 % des naissances ont lieu avant le 30 décembre), la femelle et son petit échangent des vocalises et assurent une reconnaissance olfactive, qui leur permettront de se reconnaître tout au long de l’allaitement du jeune. La femelle reste à terre avec son jeune durant une semaine à 15 jours après la mise bas, temps nécessaire pour qu’ait lieu la copulation avec le pacha du harem. Le mâle reste à terre jusqu’à ce que toutes les femelles qu’il a isolées soint fécondées, ce qui revient à un jeun de plus de 2 mois.

                                                                                               

Faisons les comptes :

 

-passer au moins 8 ans à se prendre des mornifles pour des prunes.

-arriver à au moins 8 ans d’âge pour espèrer se reproduire tout en se prenant encore des peignées mais en donnant aussi.

-ne se reproduire que durant 2 années au maximum.

-ne transfèrer ces gènes que sur 20 femelles, sans manger pendant plus de 2 mois.

-Ne pa espèrer vivre plus de 18 ans.

C’est ce qu’on peut appeler une existence calme et reposante !!

        

La femelle atteint sa maturité sexuelle à l’âge de 4-5 ans et peut probablement procréer jusqu’à quelques années avant sa mort, à 18 ans. Suite à la copulation, la fécondation engendre un oeuf dont le développement est bloqué avant qu’il ne s’implante dans l’utérus : il y a implantation retardée, caractéristique de toutes les Otaries. Moins de 24 heures après l’accouplement, la femelle part en mer pour son premier voyage alimentaire. En mer, la locomotion se fait par une propulsion avant, à l’aide des palmures antérieures, les palmures postérieures servant de gouvernail. L’agilité et la grâce des otaries dans l’eau sont remarquables, et elles semblent à tout moment danser un silencieux ballet aquatique. Les femelles allaitantes partent s’alimenter de poissons gras et de céphalopodes au sud d’Amsterdam, à proximité des 40° Sud. Bien que située à 400 kilomètres de l’île, cette région océanique est largement fréquentée du fait de sa forte production biologique, contrairement au système côtier de l’île. Sur site, la femelle ne plonge qu’aux heures crépusculaires et de nuit. Elle chasse probablement dans des bancs de proies qui seraient alors situés entre 10 et 40 mètres de profondeur. Toutefois, les Otaries femelles peuvent atteindre des profondeurs supérieures à 150 mètres avec des apnées de plus de 3 minutes. Durant son séjour en mer de une à deux semaines, la femelle transforme l’énergie des proies ingérées en graisse, qui sera transférée au nouveau-né sous forme de lait déshydraté et gras donc très riche ( ce n’est quand même pas du lait en poudre, mais c’est plus que du lait concentré). De retour à terre, la femelle retrouve son petit à l’endoit où elle l’avait laissé en partant. Les deux individus se reconnaissent à l’ouïe et à l’odorat. La femelle reste à terre quelques jours (3 à 5 jours) et le petit peut prendre jusqu’à 7 kilogrammes dans ce laps de temps. La saison avançant, les mâles quittent progressivement la colonie de reproduction, alors que les femelles continuent d’alterner entre des séjours en mer de plus en plus longs et des visites à terre, synchronisés avec le cycle lunaire.

En mars-avril, alors que certains mâles sont revenus à terre pour muer, la femelle assure :

 -ses propres besoins : alimentation et mue qui est une mue partielle.

-les besoins de son petit : allaitement et mue du jeune qui pèse alors une dizaine de kilogrammes. Le jeune présente une mue totale et perd alors sa fourrure noire pour acquérir une fourrure semblable à celle des adultes, c’est à dire composée d’une couche interne de poils de bourre emprisonnant de l’air (l’un des meilleurs isolants thermiques) et d’une couche externe visible de poils imperméables.

         En mai, alors que la mue est achevée, l’oeuf procréé en décembre et en attente reprend son développement. C’est à partir de juillet que l’investissement maternel semble le plus important, la femelle assurant alors :

      -sa propre alimentation,

         -l’allaitement de son jeune,

        -le développement embryonnaire du prochain nouveau-né, investissement d’autant plus important que les ressources marines hivernales sont en principe plus rares. La femelle effectue alors des séjours en mer de plus de trois semaines, qui sont autant de temps de jeun pour le petit qui attend sur son rocher. Le développement embryonnaire interfère avec la croissance du jeune qui ne se nourrit que du lait de sa mère. Le poids du jeune se stabilise alors autour de 15 à 16 kilogrammes.

Le trio suit son petit bonhomme otarie de chemin. En septembre, le jeune commence à perdre du poids bien que la femelle effectue encore des allaitements à terre, ce qui signifierait que le jeune n’est pas encore sevré et incapable de se nourrir seul alors que la femelle oriente son investissement sur la production du foetus, ce qui tend vers l’hypothèse d’un sevrage forcé du jeune de l’année par son abandon progressif à lui-même.

         On est en septembre, « le nombre de mâles augmente, les femelles puis leurs petits quittent la colonie... » et la boucle est bouclée. »

         Voilà une petite présentation scientifique de l’hôte le plus remarquable et surtout le plus attachant de l’île. Les petits noirs ressemblent vraiment à des peluches, mais leurs dents nous rappelent vite à la réalité : ce ne sont pas des jouets, et si quelques uns sont plutôt calmes et se laissent caresser, ce sont des animaux sauvages et craintifs à terre. En revanche, dans l’eau, ils sont très curieux et viennent mordre nos palmes ou nous passent dessus pour rejoindre la terre ferme. Ils sont dans leur élément et s’y savent en sécurité. C’est la même chose pour les adultes qui viennent virvolter autour de nous, pauvres terriens engoncés dans nos combinaisons et essayant tant bien que mal de se débrouiller dans ce liquide qui ne se boit même pas !! C’est assez peu rassurant de voir un grand mâle s ’approcher à quelques dizaines de centimètres pour vous observer, alors que vous êtes incapable de fuir rapidement si le danger se précisait. Heureusement, les Otaries d’Amsterdam ne sont pas agressives, et à fortiori dans l’eau. Les rares blessures sont occasionnées par des animaux surpris et qui se sentent menacés, ou dans un réflexe de défense par les individus que l’on capture.

 

Merci à Jean-Yves GEORGES, hivernant de la 46° Mission, sans qui la réalisation du blabla de cette page aurait été fort approximatif.