LES FETES LOCALES

 

La fête de Saint Christophe

La paroisse et l’église de Lasbordes sont dédiées à Saint Christophe depuis le XIIème siècle. Depuis cette époque, le culte du saint est célébré le 25 juillet de chaque année dans notre localité.

Les pratiques anciennes

Ces pratiques ont été relevées dans des documents du XVII et XVIIIème siècle. Il s’agit de coutumes très anciennes remontant pour la plupart à l’époque médiévale.

Les festivités en l’honneur de Saint Christophe débutaient la veille par une procession dans les rues du village. Le jour de la fête (le 25 juillet), une autre procession avait lieu en présence du curé de la paroisse et du chapitre de Saint Papoul. Elle était suivie d’une grande messe où la population vénérait les ossements du saint que renferme la statue reliquaire de Saint Christophe en argent et en vermeil. A la sortie de la messe, les chanoines du chapitre de Saint Papoul donnaient l’aumône aux pauvres qui se tenaient au portail d’entrée de l’église. L’office était suivi d’un repas où assistaient le curé et les chanoines, ce sont ces derniers qui réglaient les frais du repas (aliments, combustible et service). Le 25 juillet 1671, on trouvait sur la table : concombres, oignons, poissons de rivière, fromages tendres, œufs, poires, prunes et pain blanc. Ce sont les filles du village qui servaient le repas. Au cours du festin, le roi de la jeunesse et la reine quêtaient auprès des convives. Précisément, la fête de la Saint Christophe donnait lieu à l’élection du roi et de la reine parmi la jeunesse. Cette pratique remonte au XVème siècle dans le Lauragais. Par exemple, à Fanjeaux, jeune homme et jeune fille qui offrait la plus grande quantité de cire destinée à alimenter le cierge des jeunes devenaient le chef de la jeunesse (le roi) et la reyne pour une année. Les deux « souverains » organisaient les bals et les fêtes. A Lasbordes, on ne connaît pas les conditions d’élection mais elles sont sûrement très proches des autres communautés de la région.

 

 

 

Figure 3 : Copie du reliquaire Saint Christophe (détail), XIXème siècle.

A Lasbordes, selon la coutume, la reine et sa « lieutenante » pétrissaient un pain béni et des gâteaux qu’elles offraient aux messieurs du chapitre de Saint Papoul. En 1740, le curé de la paroisse note que les filles, pour fabriquer leur pain, se font donner par les journaliers qui moissonnent à ce moment là, la moitié d’une gerbe dans chaque métairie, constituant ainsi une sorte de vol. De plus, le prêtre se plaint que le tambour et le hautbois utilisés à l’église sont souvent employés par les jeunes et que tout se termine par la danse. Ces remarques sont envoyées à l’évêque pour q’il interdise ces pratiques. On s’aperçoit, déjà, qu’à cette époque la fête religieuse est suivie de réjouissances profanes.

Le lendemain de la fête, les confrères de l’hôpital Saint Jacques de Lasbordes font dire une messe haute.

Au cours du XVIIIème siècle, la fête eu lieu le dimanche qui suivait le jour de la Saint Christophe car, auparavant, elle était célébrée le jour du 25 juillet.

Le déroulement de la fête locale sur quatre jours, que nous connaissons actuellement, peut s’expliquer ainsi : le vendredi est un ajout très récent et ne s’attache à aucune tradition religieuse. Le samedi correspond à la veille de la fête où se déroulait, jadis, procession et sonnerie de cloches. Le dimanche est le jour de fête. Quant au lendemain (le lundi), avait lieu autrefois une messe des confrères de l’hôpital de Lasbordes.

Les coutumes liées au roi et à la reine ont disparu avec le XVIIIème siècle bien que les jeunes gens du village organisèrent le bal de la fête locale jusque dans les années 1950.

 

 

 

Les pratiques modernes

 

La messe célébrée en l’honneur de Saint Christophe fut conservée, on y chantait des hymnes à la gloire du saint patron, la vénération des reliques du saint, par les fidèles, fut maintenue jusqu’en 1953. L’année suivante, les Lasbordais découvrent l’affaire du reliquaire qui, d’ailleurs, ne sera plus exposé à la population car l’authenticité des reliques est mise en doute. Le culte de Saint Christophe est encore populaire à cette époque car le saint est le patron des voyageurs et des automobilistes. Au moment où les véhicules se démocratisent, une pratique voit le jour à Lasbordes, celle de la bénédiction des véhicules lors de la fête locale. Après la messe, voitures et surtout camions se garaient devant le cimetière pour recevoir la bénédiction du prêtre. Une petite médaille pieuse était distribuée à chaque propriétaire. Hélas, cette pratique a pris fin au début des années 1960. Le lundi de la fête, une messe était célébrée à la mémoire des défunts de la paroisse.

 

De nos jours, la fête locale a toujours lieu aux alentours du 25 juillet. Le dimanche, est célébré une messe, honorant Saint Christophe où participent une assistance clairsemée. C’est la fête profane qui a pris de l’ampleur depuis une quarantaine d’année. Orchestres de variétés et forains viennent divertir la population lasbordaise et des alentours.

 

Figure 4: Camions lors de la bénédiction des véhicules le jour de la fête locale, fin des années 1950.

 

La fête de Saint Eutrope

 

Dans l’église de Lasbordes, une chapelle est dédiée à Saint Eutrope. Au IIIème siècle, ce saint évangélisa la région de Saintes (Charente Maritime). Il fut, d’ailleurs, le premier évêque de cette ville, il serait mort martyr et son sarcophage est conservé dans la crypte de la cathédrale Saint Eutrope de Saintes.

 

Lasbordes possède des reliques du saint (ossements) enchâssées dans un chef reliquaire en bois doré et polychrome datant vraisemblablement du XVIIIème siècle. Sa fête (le 30 avril) donnait lieu à Lasbordes à des cérémonies religieuses qui se sont maintenues jusqu’à notre siècle. Au XVIIIème siècle, les festivités commençaient par une procession aux premières vêpres et le lendemain matin, avant la grande messe, on chantait les vêpres du jour et les complies. Jusqu’à la fin du XIXème, une procession se déroulait à l’intérieur de l’édifice et des malades assistaient à l’office religieux afin d’y être guéris. Les fidèles vénéraient les reliques. C’était une fête locale très importante car, jusqu’au début du XXème siècle, un bal avait lieu. Mais, une année, il neigea le jour des festivités, le bal fut annulé et depuis ce jour là, les réjouissances profanes en l’honneur de Saint Eutrope furent supprimées.

 

Figure 22 : Saint Eutrope, 1828.

 

 

 

 

Autres fêtes

Saint Fabien, Saint Sébastien et Saint Antoine (17 et 20 janvier)

Ces saints furent fêtés avec dévotion dans la paroisse de Lasbordes avant la Révolution. La chapelle Saint Eutrope était également dédiée à ces saints. Le jour de Saint Antoine, il y avait vêpres du jour, complies et bénédiction. Saint Fabien et Sébastien possédaient leur confrérie. Une messe était célébrée, suivie des vêpres des morts, le lendemain, les confrères faisaient dire une messe.

 

La Sainte Croix (14 septembre)

Au XVIIIème siècle, une autre fête fut célébrée à Lasbordes, celle de la Sainte Croix. Au matin, le clergé et les fidèles allaient au cimetière en procession où ils chantaient le Libera et au retour ils entonnaient le Vexilla Lapria. A Midi, à l’église, on chantait l’antienne de la Vierge du temps et l’on vénérait la Croix.

 

Dans le procès verbal de la visite pastorale de 1875 à la paroisse de Lasbordes, on note l’existence d’une procession extérieure se déroulant le jour de l’Ascension et qui se fait de temps immémorial.