EXTRAITS 37.2 LE MATIN

 
Je pensais avoir trouvé un bon équilibre entre la vie et la mort, je pensais avoir trouvé la seule chose intelligente à faire si l'on veut bien réfléchir cinq minutes et reconnaître que la vie a rien de sensationnel à vous proposer, hormis quelques trucs qui ne sont pas à vendre.

Je savais pas encore qu'elle pouvait passer d'un état à un autre à la vitesse de la lumière.

Tu vois pas qu'en fait c'est partout la même chose, tu sais pas qu'il y a que le paysage qui change…?

Vers la fin, j'écoutais plus personne, j'entendais juste un murmure lointain, tout me paraissait lointain, le monde était d'une simplicité absurde et je souriais.

Elle pouvait bien m'envoyer tous les mots qu'elle voulait à la tête après tout, ça me dérangeait pas beaucoup. Je trouvais que c'était pas trop cher payé pour tout ce qu'elle me donnait d'autre part.

Voilà ce que c'est que de se payer une fille tellement vivante, je me suis dit, tu peux pas éviter ces petits accès de fièvre, tu peux pas échapper à ça.

A trente-cinq ans, on commence à avoir une assez bonne expérience de la vie. On apprécie de pouvoir souffler un peu.

Et pour la première fois, ce coin m'est apparu comme un vrai désert, comme un trou infernal, maintenant je comprenais ce qu'elle voulait dire.

Bien sûr, je voyais ça de cette manière parce qu'elle était pas là, mais n'empêche qu'une fille pouvait prendre le monde et vous le retourner comme un gant, c'était plutôt agaçant.

Elles ont vraiment le chic pour nous faire passer de l'Enfer au Ciel, je pensais, elles savent vraiment bien comment s'y prendre.

Ecrire était venu beaucoup plus tard, peut-être un an après et sans raison précise, comme si ce genre de choses vous tombait forcément sur la tête après quelques mois de solitude, pour peu qu'on garde encore le goût des nuits blanches et qu'on ait besoin de sentir vivant.

A ce moment-là, ça m'inquiétait pas du tout de voir que la chose la plus importante de ma vie était une femme, au contraire, j'étais ravi, l'air du temps était plutôt tourné vers l'insouciance et la simplicité.

Par moments, la vie me saupoudrait une poignée d’or pur dans les yeux.

Je compte plus tous les sujets d’étonnement que j’ai rencontrés dans la vie, mais j’aime toujours ouvrir l’oeil, c’est pas rare qu’il y ait deux ou trois trucs à prendre.

Je crois que si j’avais éprouvé le besoin d’avoir un véritable ami, c’est lui que j’aurais choisi, il était parfait, mais on peut pas tout avoir dans la vie et j’avais pas grand-chose à donner.

Ce qu’elle avait pris pour une prairie ensoleillée n’était en fait qu’un enclos triste et sombre et elle connaissait rien du tout à l’immobilité, elle était pas faite pour ça.

Il arrive un moment où le silence, entre deux personnes, peut avoir la pureté d’un diamant et c’était le cas.

J’exagérais, mais n’empêche que par moments, la vie vous offrait un spectacle abominable et où que vous posiez les yeux, c’était la fureur et la folie.

Ce qui faisait le charme de cette génération, c’était une bonne expérience de la solitude et de la profonde inutilité des choses.

Je savais aussi qu’il y a toujours de bonnes choses à prendre quand on est décidé à aller jusqu’au bout.

Ouais, bien sûr, il faudrait qu’elle comprenne que le bonheur existe pas, que le Paradis existe pas, qu’il y a rien à gagner ou à perdre et qu’on peut rien changer pour l’essentiel. Et si tu crois que le désespoir est tout ce qu’il te reste après ça, ben tu te goures une fois de plus, parce que le désespoir aussi est une illusion.

Se fixer des buts dans la vie, c’est s’entortiller dans des chaînes.
 

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