John Stuart Mill

(1806-1873)

 

Philosophe et économiste britannique. Il est le fils de l'historien, économiste et philosophe britannique, James Mill, disciple de Hume et de Bentham. À la suite de son séjour chez Jean-Baptiste Say, l'économiste français, John Stuart Mill publie plusieurs articles. Il est élu membre de la Chambre des Communes, en 1865.

 

Une logique associationiste

Stuart Mill professe en logique un associationisme, hérité de Hume et de l'empirisme du XVIIIe siècle, fondé sur la réalité du monde extérieur et celle des esprits: la logique ne doit plus être considérée telle une science de la conséquence formelle, mais en tant que science de la vérité. Sa théorie ne laisse aucune place à l'intuition mais admet l'idée de Dieu.

La seule chose qui puisse être tenue pour certaine est l'existence de sensations; ce philosophe empiriste en distingue deux classes: les sensations actuellement perçues et la masse des sensations possibles. Ces dernières sont permanentes, parce qu'une longue expérience les a accumulées dans l'esprit. Cette permanence nous fait croire en la réalité première du monde extérieur, alors que, en fait, nos sensations précèdent cette réalité: c'est grâce à elles que notre entendement forge ce que nous appelons la matière. Cet idéalisme ne change en rien nos façons d'agir, car les sensations ont une objectivité suffisante pour guider notre comportement.

Voulant ramener la logique à l'expérience (Logique inductive et déductive, 1843), Mill n'admet que l'induction comme raisonnement fécond mais refuse de fonder cette dernière sur la croyance à l'uniformité du cours de la nature, la considérant en tant que fondée sur la loi de la causalité universelle qui résulte de notre habitude à voir se succéder des séries de phénomènes selon un ordre toujours identique.

Stuart Mill codifie les règles de la méthode expérimentale dans un esprit tout à fait baconien: la déduction est une généralisation des opérations inductives.

 

Une morale de l'intérêt général

Dans une certaine mesure, l'activité humaine reste libre : l'homme intervient dans la chaîne des causes et des effets en ce qu'il a la faculté de coopérer à la formation de son caractère, ce qui justifie le droit de punir, car l'homme est alors responsable. Stuart Mill est avec Bentham et Herbert Spencer, un des représentants les plus remarquables de l'utilitarisme; il affirme (De l'Utilitarisme, 1861), que le fondement de la morale est «l'utilité ou principe du plus grand bonheur» et le philosophe distingue en outre les plaisirs non seulement par leur quantité mais aussi d'après leur qualité. La morale de Mill substitue à l'intérêt particulier l'intérêt général comme critère de l'action éthique: son principe directeur est la recherche du bonheur général; ainsi peuvent être justifiés le dévouement à autrui et le sacrifice, succeptibles d'augmenter la somme totale de bonheur.

Défenseur du régime représentatif (le Gouvernement représentatif,1861) et des droits des femmes (l'Assujetissement des femmes 1869), John Stuart Mill fut aussi un adepte du libéralisme en économie (Principes d'économie politique, 1848). On lui doit également une Autobiographie (1873).

Encyclopédie Hachette Multimedia 98