Un grand père guerrier et un père diplomate

Lorsque l'on met en parallèle la figure d'Amenhotep II, le grand père d'Amenhotep III et celle de Thoutmosis IV, son père, on est frappé par le contraste existant entre ces deux personnalités (Chronologie royale du Nouvel Empire).

1-Amenhotep II Âakheperourâ, un grand père impitoyable :


Sphinx à l'effigie d'Amenhotep II, musée en plein air de Mit Rahinet.

Septième Pharaon de la XVIIIe dynastie, fils de Thoumosis III Menkheperrâ (1478-1426) et de la reine Merytrâ-Hatshepsout, Amenhotep II Âakheperourâ (1426-1401) avait dix-huit ans lorsqu'il monta sur le trône d'Egypte pour un règne de 28 ans. A la mort de son père, le jeune Amenhotep II se trouvait à Memphis où le retenait sa charge de prêtre de Ptah. Les textes officiels nous décrivent le jeune roi comme étant fort et infatigable tout en insistant sur sa beauté et sa force physique. Archer invincible, cavalier sans égal, Amenhotep II dut dès le début de son règne affirmer l'hégémonie égyptienne ; il entreprit deux importantes campagnes en Asie et marcha jusqu'à l'Euphrate sur les traces de son glorieux père Thoutmosis III Menkheperrâ. La première campagne asiatique eut lieu en l'an VII du règne, elle fut menée contre une coalition de sept princes rebelles de la province de Tikhesy, en Syrie ; Pharaon les "tua, avec sa massue blanche elle même. (...) On pendit six de ces ennemis devant la muraille de Thèbes, et les mains pareillement. Le corps du dernier ennemi fut emmené par bateau vers le sud, jusqu'en Nubie, là il fut pendu à la muraille de Napata, afin de rendre manifeste les victoires de Sa Majesté, pour le temps éternel et le temps infini, dans toutes les terres et dans tous les pays des Nubiens." (A.S.A.E., vol. XLII). La seconde campagne qui eu lieu en l'an IX du règne fut elle aussi d'une extrême cruauté, Pharaon pour l'exemple fit brûler vif dans deux fossés les Syriens séditieux : "Les prisonniers furent liés, on creusa deux fossés autour d'eux, et l'on emplit les fossés de feu. Sa Majesté demeura, les surveillant, jusqu'à ce que la terre blanchît, sa hache de guerre à la main droite, seul, sans personne avec lui, alors que son armée s'était éloignée." (op. cit.). Cette violence sans pareille dans l'histoire de l'Egypte permit d'affirmer avec force la suprématie égyptienne sur le monde, l'Empire est définitivement conquis, son unité ne sera pas remise en question avant de nombreuse décennies.

2-Thoumosis IV Menkheperourâ, un père paisible et diplomate :

L'Horus, taureau puissant aux belles apparitions ; le Nebty à la royauté durable comme celle d'Atoum ; l'Horus d'Or au glaive puissant qui repousse les Neuf Arcs ; Celui du Jonc et de l'Abeille, Menkheperourâ ; le Fils de Râ, Thoutmosis (IV), aux apparitions radieuses, aimé d'Amon-Râ, doué de vie comme Râ.
(titulature de Thoutmosis IV)

Huitième Pharaon de la XVIIIe dynastie, fils d'Amenhotep II Âakheperourâ et de la reine Tiâa, Thoutmosis IV Menkheperourâ (1401-1391) succéda à son père sur le trône d'Egypte pour un règne relativement court de 9 ans et 8 mois. Son accession au trône lui aurait été prédite par le Sphinx de Guizeh. Après une partie de chasse, le jeune prince s'était assoupi à l'ombre du colosse alors ensablé, le dieu lui apparut en songe et lui annonça qu'il serait roi un jour s'il consentait à le dégager du sable. Thoutmosis IV fit désensabler le Sphinx et érigea une stèle relatant l'épisode du songe entre les pattes du colosse : "Un jour il advint que le fils royal Thoutmosis, qui allait se promener à l'heure de midi, se reposa à l'ombre de ce grand dieu ; la torpeur du sommeil le saisit, au moment où le soleil était à son zénith. Il s'aperçut alors que la Majesté de ce dieu auguste lui parlait, de sa bouche même, comme un père parle à son fils, disant : regarde-moi, contemple-moi, ô mon fils Thoutmosis ; je suis ton père, Horakhety-Khepri-Râ-Atoum ; je te donnerai la royauté sur terre, à la tête des vivants, tu porteras la couronne blanche et la couronne rouge sur le trône de Geb, le prince (des dieux). La terre t'appartiendra en sa longueur et sa largeur, et tout ce qu'illumine l'oeil brillant du maître de l'Univers. (...) Voilà que maintenant le sable du désert me tourmente, le sable au dessus duquel j'étais autrefois ; aussi hâte-toi vers moi, afin que tu puisses accomplir tout ce que je désire." (Urk. IV, 1542-1544).


Portrait de Thoutmosis IV provenant du temple de Karnak.

Devenu Pharaon, Thoutmosis IV s'attacha à consolider la situation de l'Empire et à maintenir en son sein paix et stabilité. Son unique expédition en Nubie en l'an VIII du règne ce transforma en une marche triomphale sans réelle dimension militaire ; Thoutmosis IV entreprit peut être une expédition militaire au nord contre le Mitanni mais les indices allant dans ce sens sont minces, quoiqu'il en soit il conclut avec son roi, Artamama Ier, un traité de paix, scellé par l'envoi d'une fille du souverain mitannien dans le harem de Pharaon, celle-ci lors de son arrivée à la cour de Thèbes prit le nom égyptien de Moutemouia, littéralement "Mout est dans la barque (solaire)", elle donnera naissance au futur souverain Amenhotep III Nebmaâtrâ qui succéda à son père, mort vraisemblablement dans la trentaine vers 1391 (Amenhotep III Nebmaâtrâ : le Pharaon Soleil).

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