.

 

 

 <---   Accueil de la section " La vie du Bouddha" Accueil du site "Le bouddhismeAccueil du site "Orient"  Moteur de recherche --->

 

                                       Les vies du Bouddha

 

© Ralph Stehly, Professeur d’histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Les sources bouddhiques sur la vie du Bouddha (et ses vies antérieures) sont surabondantes. En Inde, on a moins qu’ailleurs le sens de l’histoire. Les textes bouddhiques n’ont pas pour visée principale d’écrire l’histoire historique du Bouddha, au sens où nous l’entendons aujourd’hui. L’existence du Bouddha, telle que nous la présentent les sources bouddhiques palies est profondément mythologisée. Il n’est pas facile de démêler l’historique du mythologique. Rappelons qu’en histoire des religions le mythe n’est pas une fable, mais un récit qui a trait aux origines, ce qui s’applique particulièrement bien ici.

Ainsi les sources bouddhiques nous affirment-elles que le futur Bouddha, le Bodhisattva, a choisi pour son incarnation Shuddodhana et Mâyâ comme parents. Ce qui veut dire que le Bouddha a eu la pleine maîtrise de son destin.

C’est aussi un discours sur la préexistence du Bouddha. Car le Bouddha, pour le bouddhisme, a eu, comme chacun d’entre nous, de multiples incarnations antérieures.

 Les naissances antérieures du Bouddha 

Les Jâtaka

Les Jâtaka sont un texte assez tardif (rédaction finale au + 5ème S.), mais dont la tradition est assez ancienne. Ce texte,classique, assigne au Bouddha 557 naissances antérieures (en fait la série des naissances antérieures du Bouddha est infinie, mais pour des raisons de commodité évidente, on s’en tient à 557 naissances antérieures…)

Ces biographies s’occupent en détail des existences antérieures du Bouddha, où il jeta les fondements karmiques de sa montée progessive vers la bouddhéité. Comme on ne peut remonter indéfiniment le cours du temps; l'hagiographie se borne donc à remonter dans les naissances antérieures du Bouddha seulement jusqu'au moment où le Bodhisattva (futur Bouddha) prit la décision, aux pieds du Bouddha Dîpankara, de devenir à son tour un Bouddha. Cela prit, nous disent les textes traditionnels, 4 asamkyeya. Un asamkhyeya étant une période de temps incommensurable: si une montagne en fer était touché une fois par siècle par une étoffe de mousseline, cette montagne serait érodée avant qu'un asamkhyeya n'arrive à son terme.

Dans le livre des Jâtaka, on nous présente 557 récits où le Boddhisattva agit en tant que poisson, grenouille, pigeon, perroquet, cygne, faisan, paon, singe, gazelle, lion, chacal, porc, lièvre, serpent, candâla, voleur, matelot, artisan, coiffeur, commerçant, fils de roi, ministre, prêtre et ascète, et en tant que divinité hindoue (Indra, Brahmâ), son principe karmique passant de vie en vie.

Le livre des Jâtaka comprend trois parties:

  1. La première partie traite de la maturation progressive du Bodhisattva de son existence en tant que Sumedha jusqu'à son existence en tant que Vishvantara, et sa renaissance finale dans le ciel de Tushita.
  2. La deuxième partie traite de la vie de Gautama Buddha (le Bouddha historique) jusqu'à son Eveil.
  3. La troisième partie traite des détails de la vie du Bouddha en tant que Bouddha.

Sumedha

Il y a quatre asamkhyeya et des centaines de milliers d'ères cosmiques (une ère cosmique vaut plusieurs milliards d'années), il y avait une ville nommée Amaravatî. Là habitait un brahmane nommé Sumedha, d'ascendance noble du côté paternel comme du côté maternel, beau et affable. Il se consacrait uniquement à la théologie (la science du Brahman). Lorsque, après la mort de ses parents, il hérita d'un grand patrimoine, il fit don de ses trésors, renonça au monde et devin un ermite dans l'Himalaya. Là, il parvint à la connaissance supérieure.

Alors qu'il survolait la ville de Ramanaka, il vit comment les habitants décoraient la ville pour recevoir dignement le Bouddha (de l'époque) Dîpankara. Il formula alors la pensée suivante: "Il ne convient pas qu le Bienheureux marche dans la saleté de la rue". Il défit alors ses cheveux, déploya son habit et se coucha par terre. En lui alors apparut le souhait de devenir lui-même un jour un Bouddha et de n'entrer dans le nirvâna qu'après avoir sauvé beaucoup d'êtres de l'océan des existences.

Lorsque Dîpankara arriva, il marcha sur la tête de l'ascète Sumedha et le vit couché dans la saleté. Il reconnut "cet ascète ambitionne la bouddhéité". Et il annonça: "Dans 4 asamkyeya et 100 ères cosmiques naîtra un Bouddha nommé Gautama". Lorsque Sumedha entendit cette promesse, il fut rempli de joie, et les gens qui avaient entendu la parole de Dîpankara dirent: " En vérité, l'ascète Sumedha est la semence et le germe d'un futur Bouddha".

Vishvantara

La dernière incarnation humaine du Bodhisattva avant de devenir Gautama fut Vishvantara, fils de roi, qui avait fait vœu de ne jamais refuser une demande. Quand il mourut, il renaquit parmi les dieux du ciel de Tushita.

Lorsque le temps fut arrivé, où un nouveau Bouddha devait apparaître, les dieux des 10.000 systèmes cosmiques se rassemblèrent et s'adressèrent au futur Bouddha: " Vénérable, vous avez pratiqué les dix perfections, ne les pratiquez pas pour atteindre le rang d'un Indra, d'un Mâra, d'un Brahmâ ou d'un souverain universel, mais dans l'effort vers l'omniscience d'un bouddha, pour vaincre le monde. Maintenant le temps de la bouddhéité est venu ! "

Alors le Bodhisattva observa le monde pour trouver le temps convenable, le continent convenable, le pays convenable, la famille convenable, la mère convenable pour sa dernière incarnation.

  1. Le Bodhisattva choisit une période cosmique où la vie de l'homme dure jusqu'à 100 ans, car dans les périodes cosmiques où la vie dure 100.000 ans, les gens ne sont pas exagérément préoccupés par les problèmes de la naissance, du vieillissement et de la mort.
  2. Le Boddhisattva choisit la terre.
  3. Et sur la planète terre, l'Inde du Nord, car c'est là que sont apparus tous les Bouddhas.
  4. Il choisit la caste des princes (kshatriya), car c'est elle qui était à l'époque la plus honorée.
  5. Il choisit pour mère Mâyâ, parce que durant ses existences antérieures, elle avait, durant 100.000 périodes cosmiques, mené une vie conforme aux lois morales.

Puis le Bodhisattva prit congé des divinités du ciel Tushita.

 

Le récit de la naissance

Selon Majjhima-Nikâya 123 (III p. 123, Pali Text Society), lorsque le Bodhisattva quitta la communauté des dieux au ciel Tushita et qu’il entra dans le sein de sa mère (sous la forme d’un éléphant blanc, disent certains textes), alors apparut une lumière brillante, plus brillante encore que la splendeur des dieux.

Les textes nous présentent la conception du futur Bouddha comme " immaculée ", car ses parents vivaient dans la chasteté absolue.

(sur d'autres exemples de liens entre religion et sexualité, cliquer ici et ici )

 

           

                                               Suivante >>

 

Bibliographie Introduction Vies antérieures du Bouddha    La vie du Bouddha:  jeunesse, l'Eveil, la fin et le parinirvâna

Le message du Bouddha Bouddhologie Le nirvâna Grand Véhicule et Petit Véhicule

Le tantrisme, Le Bardo Thödol (Livre des Morts tibétain) Le canon bouddhique La liturgie Langues du bouddhisme

Hindouisme  Judaïsme Christianisme Islam Histoire des Religions

© Ralph Stehly. Ce cours peut être reproduit uniquement dans un but non commercial, et à condition de mentionner l'auteur et la source.

Francité